The Something Rain

Tindersticks

V2 – 2012
par Laurent, le 24 février 2012
8

Un album des Tindersticks s’écoute toujours comme on déguste un grand vin: avec délicatesse et respect. Une musique langoureuse que caresse la voix rauque et chaude de Stuart Staples, avec ici et là des envolées de cuivres et une trame de rock alternatif. Leur cocktail bien plaisant n'a pas changé. Depuis leur chef d'oeuvre Curtains en 1997, les sorties de plaques se suivent et ne se ressemblent pas, tout en restant dans une continuité très cohérente. Surtout dans l'effet produit: on croit avoir trouvé la musique idéale pour ses siestes d’été. Le décorum sonore semble avoir arrêté le temps histoire de contempler celui-ci. Et les années n'ont pas entamé leur talent et le trou d'air de 2004 à 2008 n'a pas eu raison du groupe. On s'en réjouit. C'est donc une carrière de plus de 20 ans qui est ici couronnée, avec plus d'une douzaine d'albums et un nom qui est devenu assez emblématique de l'indie. 

Le titre d'ouverture de The Something Rain ne déroge pas à la règle appliquée sur les précédentes réalisations du groupe. Le bien nommé "Chocolate" défile en prenant son temps sur neuf minutes, avec une voix hypnotique (celle du fidèle David Boulter) qui pose le décor à merveille. La suite, chantée par notre crooner préféré, nous replonge dans les méandres des morceaux tendres, et on apprécie les retrouvailles. Les choeurs féminins rappellent leur sortie de route soul sur Simple Pleasures ou leurs amis de Lambchop. Les ballades qui s'égrainent sur cet album sont d’une beauté étincelante. Il faut bien avouer que les envolées un peu punk de leurs débuts ont foutu le camp, mais il nous reste la possibilité de réécouter les premiers disques. L'envie aussi. Les Tindersticks ont réussi ce mélange rock/musique délicate sans toutefois tomber dans une bouillie sans conviction ni dans le piège de la musique inabordable, au langage abscons. L’apport des cuivres et les envolées lyriques des cordes y sont certainement pour beaucoup. Sans oublier le xylophone, toujours de la partie, qui concourt à enforcer le côté languissant de leur musique.

Leurs nombreuses collaborations avec Claire Denis (ils ont quasiment écrit toutes les B.O. de celle qui nous les a fait découvrir) ont renforcé sans cesse l'imagerie sonore qu'évoque leur musique: les grands paysages, les natures mortes, la nostalgie, la mélancolie, la joie, les souvenirs et leur fragilité... Oui, c'est tout cela Tindersticks. Et de conclure avec ce que déclare encore le groupe : "We are still drinking, laughing, crying, fighting, fucking, making our music"

Le goût des autres :
7 Julien L 9 David 9 Maxime