The Next Four Years

United Nations

Temporary Residence – 2014
par Simon, le 7 octobre 2014
9

On n'a jamais trop compris l’intérêt d’un groupe aux membres anonymes. Créer de la mythologie autour de l’inconnu nous est toujours apparu comme une motivation moisie, surtout à une époque où une séance de twerk en string rapportera toujours plus que toutes les approches mystiques réunies. On pardonne toutefois aux mecs de United Nations de se la jouer masqués : premièrement parce que, vous le verrez, leur musique éclate des gerboises et, deuxièmement, parce que le groupe voulait éviter de se faire traîner en justice pour de sombres histoires de droits de label. Initialement formé par le chanteur du groupe Thursday, Geoff Rickly demeure à ce jour le seul membre autorisé à jouer à visage découvert. Super-groupe oblige, les rumeurs racontent que Ben Koller (batteur de Converge et All Pigs Must Die) et Daryl Palumbo (Glassjaw, Head Automatica) auraient fait partie du groupe à ses débuts, mais étaient interdits d'apparaître sur des labels concurrents. Auteurs d’un premier disque au succès plus que mitigé en 2008 –revers de la médaille du manque de visibilité – United Nations débarque avec The Next Four Years, et un line-up qui comprendraient cette fois des membres de Lovekill, Acid Tiger et Pianos Becom The Teeth.

A vrai dire, on se fout un peu de la forme que peut prendre United Nations, tant que la machine reste aussi bien rôdée. Sans trop palabrer, on est ici dans le meilleur du hardcore-punk mélodique, du screamcore d’éléphanteau. Un disque tout en énergie et en conscience qui s’éclate en une demi-heure chrono. Le parfait hybride entre l’avant-hardcore de Refused (les références au mythique The Shape of Punk To Come ne manquent pas), l’écartelage à la Converge (surtout la batterie, étonnant…) et les élans emo de Comeback Kid. Une musique qui se prend dans la face, et qui se décline petit à petit pour montrer le monstre de connections qu’elle est. Format oblige, les écoutes défilent et la hauteur se crée en moins de dix écoutes (ce qui ne fait jamais que cinq heures de musique) ; sans qu’aucun cliché ne viennent entacher le rendu global de la bête. Un Leviathan parfait qui prouve que les techno-monstres peuvent parfois dépasser leurs statuts pour envoyer du pâté de foie en mode gastronomique, façon Philippe Etchebest. Ou plutôt Hell’s Kitchen, parce que ce truc fracasserait les neufs cercles de l’enfer à lui tout seul. Classique instantané, le tout derrière des masques de Ronald Reagan.