The Kings Of Electro

Alter Ego & Playgroup

Rapster – 2008
par Simon, le 11 janvier 2008
7

A l’instar d’autres séries de compilations ayant largement fait leurs preuves au cours des années précédentes (Fabric, DJ Kicks, At The Controls et autres), la jeune entreprise The Kings of... dépasse actuellement le statut de simple outsider en proposant depuis quelques compilations déjà (on se souviendra de Laurent Garnier et de Carl Craig notamment) un panel assez complet du panorama électronique actuel. Preuve en est, cette toute dernière compilation se voit présidée par les maîtres que sont Playgroup (Trevor Jackson aux commandes en l’occurrence) et Alter Ego, rien de moins.

Comme il est de coutume, je commencerai donc ma chronique par le premier disque, à savoir la sélection de Trevor Jackson. Et là seulement apparaît la grosse claque. Dix-neuf titres connectés directement à ce que l’electro hip hop a de mieux en réserve, une séléction aux senteurs oldschool qui ravira sans aucun doute les oreilles les plus fines. Difficile de ne pas évoquer Kraftwerk dans ces quelques lignes tant l’influence est nette : claviers synthpop extraterrestres sur lesquelles viennent se greffer des flow vieillis par le poids des âges. Un mix qui semble renaître des cendres d’un certain Afrika Bambataa (étonnant d’ailleurs que son fameux « Planet Rock » ne soit pas de la partie quand on considère ce titre comme clé de voûte de cette musique). Totalement dans le contre-pied, nous voila confrontés à un mix qui s’assume pleinement comme un effort novateur et instructif (eh oui, le hip-hop n’est pas né avec Eminem qu’on se le dise), puisant dans ses racines un souffle nouveau et complètement jouissif en ces heures d'impasse immobiliste en matière de musique électronique. Un mix dont la personnalité extravagante semblerait prompte à jeter dans l’ombre la prestation du duo Alter Ego.

Les Allemands arrivent ensuite pour parfaire un double album déjà bien rempli ma foi. Plus sobres qu’à l’accoutumée dans leur sélection, l’ensemble varie entre des titres dantesques, parfois oubliés (« Azzido Da Bass » en tête), à des incongruités parfois dérangeantes. Un manque de cohérence qui n’affecte aucunement la qualité individuelle des titres en présence, passant d’une techno dark à des titres plus acid sans se préoccuper de l’allure générale de leur progression. Une virée audacieuse qui aurait peut-être été sublimée par un split sur deux disques, mais qu’importe le contenu général donne entière satisfaction et ne déçoit en rien malgré une programmation un peu hasardeuse.

Une fois de plus, The Kings Of... rassure son public sur l’opportunité de sa démarche, et profite de cette rencontre improbable pour offrir deux mix sachant croiser le fer au bon moment avec intelligence, sans jamais paraître lourdauds pour la cause. Avec de telles prestations, il nous tarde de connaître les prochains sur la liste, juste le temps pour nous de nous repasser cette double sélection de qualité.