The Golden Foretaste Of Heaven

Alec Empire

Eat Your Heart Out – 2008
par Simon, le 13 mars 2008
8

Alec Empire est le type même de producteur dont on n’attend plus rien, pas parce que le personnage fait tache dans le paysage musical actuel, mais plutôt parce qu’on a encore du mal aujourd’hui à imaginer ce leader charismatique sans la formation qui fut sienne, je parle bien sûr des enragés de Atari Teenage Riot. Voici donc l’Allemand de retour sur le devant de la scène après trois courtes années d’absence et un Futurist jugé, à raison, « trop rock » par les critiques de l’époque.

Difficile de ne pas penser qu’on tient là un énième disque de rave gueularde, à l’instar de son précédent opus qui avait laissé derrière lui une odeur tenace de « déjà entendu ». Difficile aussi de penser le Berlinois sans son défunt combo, ce qui m’amène toujours à envisager Alec Empire comme un « sous-Atari ». Grossière erreur de ma part, faut-il le confesser, car ce The Golden Foretaste Of Heaven marque un pas de géant dans une carrière déjà bien fournie. Il faut penser qu’Alec a atteint l’âge de la maturité, et à trente-six ans maintenant, on observe une sérieuse régression de son côté bruitiste. On connaissait son talent pour produire une musique directement reliée au corps, mais qui aurait pu imaginer un jour un son aussi propre de la part du plus décalé des ravers. Les guitares saturées trouvent dans cette nouvelle approche une vigueur nouvelle, une destinée presque pop dans son acceptation la plus noble, simple et directe. Le reste n’est qu’une histoire de grosses nappes ajustées comme il se doit et terriblement attachantes une fois couvertes de bleeps acides et autres ritournelles soniques, le tout chapeauté par des vocaux ciblés et presque attachants. Les fausses évidences que délivre ce disque s’effacent au fur et à mesure des écoutes, confirmant un véritable travail d’immersion pour rendre au final cette longue déferlante de titres electro-rock cohérente au possible.

Alec se raconte ici aux travers de dix titres endiablés ; foutant Soulwax sous LSD, donnant à Black Strobe une paire de couilles, ou flambant Iggy Pop avec un rictus de condescendance. La destinée de ce disque est dès lors toute tracée, rendre les foules folles furieuses avec un contenu explicite qui n’a besoin d’aucune autre sorte d’explications pour plaire instantanément. C’est peut-être là qu’il faut chercher le coup de génie du maître Empire : jamais là ou on l’attend, ce nouveau son décoche flèche après flèche et fait mouche en toutes circonstances avec une combinaison de simplicité et de talent qui ne peut que s’accompagner d’un respect mérité. Finement joué, et donc plus que conseillé.

Le goût des autres :
8 Julien