The Fountain

Clint Mansell

WEA – 2006
par Splinter, le 13 janvier 2007
9

Le cinéaste américain Darren Aronofsky est fou et produit des films à la hauteur de son esprit malade. Tous ceux qui sont sortis indemnes de Requiem for a Dream (2001) ont été traumatisés à la fois par ses images et le propos qu'elles sous-tendent, naturellement, mais aussi, voire surtout, par sa bande originale, d'une pure maestria et depuis devenue culte, signée Clint Mansell et interprétée par le Kronos Quartet, qui portait littéralement le film et conférait à certaines scènes leur caractère absolument hypnotique (notamment à la toute fin, franchement bouleversante).

Troisième collaboration entre Mansell et Aronofsky (avec Pi, premier long métrage du réalisateur, sorti en 1998), The Fountain, sorti sur les écrans en France à la fin de l'année 2006, est un film qui ne peut laisser personne indifférent : trip onirique, voire new age, sur fond d'histoire d'amour hallucinante se déroulant sur trois époques distinctes, profonde réflexion sur la mort de l'être aimé, ce chef-d'œuvre magistral peut, pour certains, confiner au nanar intersidéral, ce qui peut se comprendre dans une certaine mesure, même si ce n'est pas l'avis du rédacteur de ces lignes, vous l'aurez compris. Et en tout état de cause, quoi qu'on en pense, ce film ne serait pas ce qu'il est sans sa bande originale, d'une intensité indescriptible et indissociable des images qu'elle illustre, qui explose à la face du spectateur dans la salle de cinéma pour le poursuivre des heures durant après la projection.

Egalement interprétée par le Kronos Quartet et ses cordes sublimes, cette fois-ci associé aux omniprésents Mogwai (voir à cet égard leur récente bande originale du film consacré à Zidane), ce score repose, comme celui de Requiem for a Dream d'ailleurs, sur un court accord de trois notes décliné sur dix morceaux différents, dont le point d'orgue est, sans aucun doute, l'exceptionnelle "Death is the Road to Awe", véritable expérience sensorielle de 8 minutes 25, supportée par des chœurs extatiques, qui n'est pas sans rappeler le travail d'Archive, sur un canevas assez semblable.

Oscillant entre la musique classique, l'ambiant, l'electro et le post-rock, persistant dans l'excellence, cette bande originale procure un plaisir incroyable à en donner la chair de poule. Une pure merveille, certainement destinée à devenir culte elle aussi, qui consacre Clint Mansell comme l'un des meilleurs compositeurs de musique de film de sa génération.