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A Hawk and A Hacksaw & The Hun Hangar Ensemble

The Leaf Label – 2007
par Adrien, le 7 mai 2007
8

Aaah... Chat noir, chat blanc, ses paysages pittoresques et surtout ses scènes de liesse oniriques portées par les compositions d'Emir Kusturica et son No Smoking Orchestra. On en serait presque nostalgique. Reconnue mais insuffisamment connue, la musique balkanique tend tant bien que mal à se populariser en Occident. Pour ce faire, ce courant folklorique peut compter sur les valeurs sûres, Emir Kusturica, Goran Bregovic, Tony Gatlif (cf. Transylvania avec Asia Argento) et, depuis quelques années, sur l'éclosion d'une scène outre-Atlantique qui ne demande désormais plus que son dû. On connaissait ainsi les déjantés de Gogol Bordello et leur Gypsy Punk survolté, voici tout droit venu de Albuquerque, Nouveau-Mexique, A Hawk and A Hacksaw. Et, soyons honnêtes, ça vaut le détour.

Aux commandes de A Hawk and A Hacksaw, la violoniste Heather Trost et le percussionniste/accordéoniste Jeremy Barnes (cousin du Of Montrealien Kevin Barnes) dont le CV est tout à fait louable au regard de ses états de service. Ex-batteur de Neutral Milk Hotel et collaborateur occasionnel de Bright Eyes, The Gerbils et Beirut, il va sans dire que le gaillard a du métier. Déjà auteurs de trois albums, dont l'excellent Darkness at noon, le duo s'offre ici les services et l'expérience de musiciens hongrois, regroupés à l'occasion sous le nom de Hun Hangar Ensemble.

De la mélancolie esquissée par le violon sur "Kiraly Sirats" à l'entêtant "Ihabili", en passant par le festif "Zozobra", l'auditeur est résolument pris à parti au coeur d'un folklore naviguant entre allégresse et  tristesse, en bref une totale confusion des sentiments. Ce charivari d'émotions va d'ailleurs de pair avec le bordel instrumental jouissif qui régale nos oreilles conquises: l'accordéon et le violon du duo Barnes/Trost mènent le bal, accompagnés d'un oud, d'un violon à pavillon, de percussions et de fanfares).

Rendre davantage accessible la musique balkanique est une entreprise ardue. Pourtant, Jeremy Barnes, fort d'expériences musicales riches, parvient à s'approprier une culture qui à l'origine n'est pas la sienne, et ce avec une générosité remarquable et une maîtrise déconcertante.
Parce que la musique est universelle, parce que le mélange culturel est fondamental, on aime A Hawk and A Hacksaw.

Le goût des autres :
7 Nicolas