Songs For Someone

Perry Blake

Naive – 2004
par Popop, le 24 février 2004
8

Lors de sa dernière escapade discographique, Perry Blake avait quitté les espaces feutrés et mélancoliques de Still Life pour aborder toute la richesse de la musique noire et plus particulièrement de la soul américaine sur un California très fortement inspiré par Curtis Mayfield et Marvin Gaye. Pas toujours convaincant, cet exercice de style aura au moins permis au crooner irlandais d’ouvrir de nouveaux horizons pour ses morceaux, comme en témoigne ce Songs For Someone en forme de récapitulatif. Alors que chacun de ses disques précédents se cantonnait dans un style particulier, le chanteur semble avoir trouvé sur ce quatrième album studio l’équilibre parfait pour ses nombreuses aspirations musicales.

Des flirts électroniques de son premier album éponyme aux ambiances orchestrales du live Broken Statues, on retrouve ici un panorama complet des différents styles abordés par l’irlandais depuis le début de sa carrière. La bonne nouvelle, c’est que tout cela est mis au service de sa plus belle collection de chansons à ce jour. Tout commence avec un "We Are Not Stars" très moderne, lorgnant vers le trip-hop (si ce terme a encore un sens), petit frère direct du merveilleux "Little Boys & Little Girls" de 1998 qui introduisit la carrière de Blake. Entre quelques relents de soul ("Native New-Yorker") et une poignée de titres langoureusement épurés ("You’re Not Alone", "Ava"), le disque se permet des détours plus surprenants, comme sur "Travelling", subtile ballade dans le sens pop du terme, ou "We Couldn’t Decide", avec ses faux airs de mini opéra.

La voix de Perry Blake s’est toujours mariée à merveille avec les voix féminines. Par le passé, le crooner a d’ailleurs chanté en duo avec Helena Noguerra, Émilie Simon ou encore Nancy Danino (pour une version franco-anglaise de "Ordinary Day", "Un Jour Comme Les Autres"). Sur Still Life, Françoise Hardy elle-même était venue épauler la subtile mélodie de "War In France". À nouveau, Songs For Someone recèle son lot de chœurs féminins venant souligner les contours des compositions, comme sur ce "Coming Home" qui n’aurait pas dépareillé sur California. Finalement, la décision du chanteur d’écourter sa dernière tournée pour se concentrer sur le travail en studio semble avoir porté ses fruits, comme le confirme "Lies Lies Lies", premier single épatant produit de main de maître. En revanche, à l’écoute de ces chansons qui ne demandent qu’à s’épanouir sur scène, on peut espérer que Perry Blake ne deviendra pas seulement un petit rat de studio, même prodige.

Le goût des autres :
6 Splinter