Solo Andata

Solo Andata

12k – 2009
par Simon, le 28 novembre 2009
8

Après un album de Tomasz Bednarcyzk tout juste au niveau (Let’s Make Better Mistakes Tomorrow), l’excellente écurie new-yorkaise 12k nous présente ses nouveaux venus avec le deuxième album des Australiens de Solo Andata, premier effort néanmoins sur le label référence du minimalisme douillet. Exit donc les envolées avant-jazz qui avaient fait le charme de Fyris Swan en 2006, Solo Andata revient ici avec un album bien ancré dans une ambient organique du meilleur effet. Avant toute chose, il faut souligner que ce deuxième album éponyme est une merveille de production : mixé par le boss du label Taylor Deupree et produit par le génial Italien Giuseppe Ielasi, Solo Andata est un modèle de spatialisation musicale, une œuvre qui replace le son sur le piédestal qui devrait toujours être le sien, hors de toute considération créatrice.

Mais ne nous y trompons pas, nous ne sommes point ici dans une œuvre de soundscaping borné, de « son pour le son », le talent des deux Australiens agissant dès les premières secondes de « Ablation ». Drones en formes de borborygmes, le décor se plante sobrement jusqu’à l’arrivée de voix enlevées, de violoncelles d’un autre âge : Solo Andata montre directement son talent en matière d’ambiances contradictoires et ambigües. Car l’entièreté de cette galette naviguera de tout son long dans cette perpétuelle incertitude, elle est le lien ténu entre le chaud et le froid, entre le mystère et l’émerveillement. Et malgré ses apparences digitalisées, peu de matériaux électroniques ont été ici utilisés, laissant plutôt la place à une matière colmatée de violoncelles, pianos, guitares acoustiques et autres résonances en tous genres, le tout dégraissé au laptop. Ce nouvel album est une succession de huit pistes caverneuses et immersives à souhait, emportant l’auditeur dans des salles claires-obscures dont les contours oscillent entre voyeurisme éclairé et menace organique.

Car Solo Andata est un disque qui vit et dont les terres sont infestées de bestioles rampantes, un véritable biotope où une multitude d’êtres vivants s’agitent avec lenteur pour vous faire découvrir un univers tout en fines nuances. Alors bien évidemment une telle force d’imagination poussera l’auditeur à revenir en ces terres plus d’une fois, redécouvrant chaque fois un peu plus les subtilités cachées ici et là avec une réelle passion pour des architectures sonores impressionnantes. Véritable cerise sur le gâteau, Solo Andata nous propose un disque fourni à ras bord, soixante minutes d’évasion pour un label qui nous avait habitués à des formats généralement plus courts. Vu la qualité de cette nouvelle sortie, on est loin de s’en plaindre. Un très bel album.