Sequel to the Prequel

Babyshambles

Parlophone – 2013
par Maxime, le 12 septembre 2013
7

A la question "Où est la britpop en 2013 ?" (et on vous assure que ce n'est pas dans la giga-tournée des festivals de Blur et été), Pete Doherty et sa bande nous apportent une réponse des plus sérieuses. Ainsi, pour raviver la flamme de l'Angleterre des lads et des sous-bocks tâchés, les Londoniens ont mis les petits plats dans les grands, de la pochette shootée par Pennie Smith (photographe ayant immortalisé The Clash, ou encore The Jam et Morrissey) à la production assurée, comme sur le précédent opus, par Stephen Street (The Smiths, Blur). Pour enrober le tout, c'est Jamie Morrison, le batteur des Stereophonics, qui remplace Adam Ficek derrière les fûts.

Et les références sont toutes là. The Clash on l'a dit; ainsi le rugueux "Fireman" qui claque sec comme un coup de trique, ainsi le reggae-ska un peu foutraque de "Dr. No". Un hommage aux grand-frères mancuniens de Stone Roses ("Nothing comes to nothing") par-ci, une chanson au refrain qu'on jurerait issu d'une Oasis-mania depuis longtemps révolue ("Farmer's Daughter") par-là, le tout alternant un punk mélodique avec des moments de pop plus mélancoliques ("Fall From Grace"). Doherty, le chant traînant de rigueur, laisse quant à lui de l’espace à ses comparses et co-signe d’ailleurs l’essentiel des compos avec son bassiste Drew McConnell.

Avec une galette si référencée, le risque d’en faire trop était important. Mais les Babyshambles évitent l'écueil avec la désinvolture d'une bande qui en connait un rayon en la matière. Du coup, ce qui aurait pu être un pénible hommage aux poncifs du genre se révèle au contraire une belle bouffée d'oxygène aux accents de branleurs assumés, naïfs et un poil romantiques. Très premier degré donc, l’album aligne son efficacité avec ses 12 titres pour 44 minutes, dont pas une de gras, exactement la même durée que Shooter’s Nation qui avait fait la démonstration du talent du groupe après un Down In Albion entre deux eaux, à l'époque disque de transition avec l'époque Libertines.

Outre le plaisir évident que l'on prend à écouter ce joyeux foutoir, l'autre intérêt de Sequel to the Prequel est, comme son titre le clame, de nous dire que l'histoire des Babyshambles n'est plus un pis-aller suite à la scission des Libertines. Et c'est tant mieux, car dix ans après leur formation, les Londoniens ont évité le syndrome Foo Fighters et s'installent définitivement comme un groupe qui compte, autour d'un artiste émancipé de l'ombre d'un glorieux passé, qui, s'il continue de traîner sa silhouette de cave dégingandé dans les tabloïds, sait plus que jamais faire de la bonne musique.

Le goût des autres :
7 Amaury L