Seeing Double

Duncan Lloyd

Warp Records – 2008
par Adrien, le 20 octobre 2008
7

Lorsque l'on évoque Maxïmo Park, c'est surtout l'image de Paul Smith, emblématique chanteur du groupe britannique, qui nous vient à l'esprit. On en est presque à oublier que le bonhomme est accompagné de quatre autres musiciens. Parmi eux, Duncan Lloyd, guitariste du quintette, a pourtant bien décidé de faire parler de lui. Car si son nom ne vous est pas familier, il risque fort de le devenir dans les prochains mois.
Bien que l'ayant annoncé depuis quelques temps, le guitariste discret aux lunettes imposantes et à la barbe de trois jours vient en effet de prendre tout le monde à contre-pied en sortant son premier album solo, Seeing Double.
Bon, pas d'inquiétudes, le gaillard sait où il va: signé sur Warp Records (Born Ruffians, Nightmares on Wax, Boards of Canada,...), il s'est même payé le luxe de produire lui-même son album, une galette 10 titres d'indie rock explosif, loin de la sobriété qu'on lui connaît au sein de Maxïmo Park.

Les premières rythmiques de la batterie et les riffs ravageurs sur "Seven Letters" ont vite raison de nous: le fougueux Duncan Lloyd est lancé. Dès lors, pour enfoncer le clou, rien de plus approprié que le pêchu "Make our escape", qui, de part sa construction mélodique, aurait trouvé une place de choix sur A certain trigger. Chose rassurante donc: le chanteur/guitariste originaire de Derby n'a pas oublié ses références. Et pour référence, évoquons son premier single, "Suzee", 2 minutes 20 de dérision et de désuétude, qui n'est pas sans rappeler le "Parklife" ou "Girls and Boys" de Damon Albarn and co. Le disque, malgré ces inspirations, n'en reste pas moins estampillé Duncan Lloyd, à travers des textes personnels et des compos bien à lui.
Chose dommageable néanmoins: devant le potentiel et l'impétuosité d'une demi-dizaine de morceaux ("Seven Letters", "Make our escape", "Suzee", "Misfit" en tête), Seeing Double manque de constance en deuxième partie de prestation, et s'essouffle quelque peu. Ainsi, le très strokesien "Victory and surrender" ou le saccadé "You are partly to blame" tiennent moins en émoi à la différence des morceaux précités.

C'est donc un peu par surprise que le guitariste de Maxïmo Park vient pimenter de ses accords acérés la scène indie rock. Par moment inconstant, le résultat, plus qu'honnête, s'avère être d'une efficacité imparable. Duncan Lloyd réussit donc avec brio le test du premier album, ce qui intronise Seeing Double comme l'une des surprises de la rentrée.