Ornamented Walls

Vatican Shadow

Modern Love – 2012
par Bastien, le 11 décembre 2012
7

Si la fin du monde est bel et bien pour le 21 décembre 2012, la bande-son est toute trouvée avec Ornamented Walls du très prolifique Vatican Shadow. Si le nom ne vous dit rien, sachez que notre homme n'est autre que Prurient, qui est l'une des figures du mouvement noise grâce à sa très réputée structure Hospital Productions. Vatican Show c'est une productivité proche de celle de Lil B: pas moins de 4 albums, 2 EP et un nombre pléthorique de sorties plus ou moins officielles en 2 ans. Et du costaud quasiment à chaque fois. Avec ce projet, Dominick Fernow fait des incartades dans la techno industrielle tout en conservant son énorme background noise. Et le résultat est plus qu'à la hauteur, même si l'ensemble souffre de quelques bémols.

Ornamented Walls est un album où les univers nihilistes de la noise, de la techno indus et du dubstep se télescopent à merveille pour créer un objet difficilement identifiable. Pour donner des références connues, on pense à Ancient Methods et aux bouchers de British Murder Boys pour la brutalité du son, Demdike Stare pour le patchwork angoissant ou encore Andy Stott pour l'aspect tribal. Pas étonnant d'ailleurs de retrouver ces deux dernières références puisque l'album sort sur Modern Love. Les présentations faites, entrons dans le vif du sujet.

Ce qui frappe à l'écoute de cet album, c'est l' extrême variété des univers et textures utilisées. On passe d'un son techno à un vrombissement drone en une demi-seconde pour repartir sur une ambiance intimiste l'instant d'après. Ce perpétuel changement place l'auditeur dans un sentiment d'insécurité latent. Au kick suivant, on ne sait pas ce qui va nous tomber sur le coin de la gueule.

On se retrouve ainsi plongé dans un univers où les règles des genres n'ont plus lieu d'être. L’apparition de chants arabes au beau milieu d'une chanson ne vous donnera pas l'impression de siroter un thé à la menthe à Marrakech mais plutôt d'être sous les décombres encore fumantes d'Alep. L'ensemble de l'album baigne quant à lui dans une ambiance surréaliste qui suinte des temps plus que troublés. Tout fout le camp, et ce pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Le producteur américain continue à repousser les frontières du son noise sans jamais tomber dans une branlette bruitiste.

Malgré tout, l'album souffre de quelques petites lacunes. Les trois premiers morceaux issus du live font entrer l'auditeur dans cette messe noire décrite un peu plus haut. Malheureusement, ce mouvement est ensuite atténué, la faute à des morceaux qui se révèlent plus noise et moins déstructurés. Rassurez-vous quand même: les pistes sont très bonnes mais on aurait aimé que cette transe amorcée continue jusqu'à la fin de l'album.

Quoiqu'il en soit, avec Ornamented Walls, Vatican Shadow confirme que son précédent album, Kneel Before Religious Icons, n'était pas une énième élucubration. En fait, ce disque sert à enfoncer un clou pourtant déjà bien violenté ces derniers temps. Quant à Dominick Fernow, il nous démontre avec brio sa maîtrise des codes techno, noise et dubstep pour mieux les pervertir.