One Plus One Is One

Badly Drawn Boy

XL Recordings – 2004
par Popop, le 17 février 2004
8

On ne peut pas vraiment dire que Damon Gough prenne l’auditeur en traître. Car après tout, depuis quelques années, les indices semés au fil des disques et des interviews semblaient tous mener à cette impeccable équation qu’est One Plus One Is One. Exit les bricolages bordéliques des débuts. Exit aussi la production boursouflée qui plombait Have You Fed The Fish ?. Et bonjour le 'disque de songwriter' fait maison, entre potes, et avec comme seul souci d’esthétisme la qualité des compositions. Et écrire de belles chansons, le Mancunien sait le faire, avec une aisance proche de l’insolence. Mais ce n’est pas exactement une révélation. En revanche, la perfection de l’habillage de cette collection printemps-été 2004 est la plus belle surprise de ce troisième album.

Loin du tape-à-l’œil du cru de l’automne 2002, le bonhomme au bonnet semble avoir retrouvé l’équilibre quasi-parfait qui faisait le charme de la BO de About A Boy et l’a ainsi appliqué à ces 14 vignettes. Qu’il soit épaulé d’une flûte traversière ("Easy Love") ou d’une chorale de gamins ("Year Of The Rat"), qu’il exerce son talent au piano ("Another Devil Dies") ou à la guitare ("This Is That New Song"), qu’il choisisse le format court ("Fewer Words", 1 minute 13 secondes chrono) ou long ("Holy Grail", plus de 8 minutes), l’anglais est au sommet de son art, le sait, en use et en abuse de la plus belle des façons qui soit. La panoplie du parfait petit songwriter est d’ailleurs complète puisque l’on a également droit à l’écart rock ("Summertime In Wintertime") et aux intermèdes instrumentaux. Bien sûr, il y en aura toujours pour pleurer le côté lo-fi des débuts mais le constat est évident : jamais Damon Gough n’a été aussi à l’aise sur disque. Ni semblé aussi heureux.

Reste un semblant de mélancolie dans la voix et aussi sur le troublant "Logic Of A Friend", dédié aux amis disparus, Elliott Smith et Joe Strummer. Mais One Plus One Is One respire l’optimisme et la simplicité. « Do you know where we’re going to ? Do you know what we will do when we arrive ? »  chantent les gamins en conclusion sur "Holy Grail". La quête de Damon Gough n’est sans doute pas terminée, mais il a repris confiance en son chemin. Et nous en son talent.

Le goût des autres :
7 Splinter