L.I.E.S. presents: Music for Shuts-Ins

Various Artists

L.I.E.S – 2013
par Bastien, le 10 février 2014
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Au royaume de la musique électronique, s'il y a un label qui n'est pas passé inaperçu en 2013, c'est bien Long Island Electrical Systems, plus connu sous les initiales L.I.E.S. Fin 2012 sortait American Noise, fin 2013, Music for Shut-Ins. Ce parallélisme permet de borner l'année faste qu'à connu le label américain, mais aussi d'ouvrir l'année qui démarre. La première compilation ouvrait le domaine des possibles, tandis que la seconde peut être regardée comme l'accomplissement de la main-mise du label de Ron Morelli sur la dance music en 2013. Un an, c'est à la fois trop peu pour asseoir une réputation mais assez pour taper un sprint et caracoler en tête.

La recette de L.I.E.S se résume en 2 éléments très simples : une hype savamment entretenue et beaucoup de talent. Avec une esthétique DIY, un penchant pour des sonorités noise ou expérimentales et une cadence de sorties effrénée, la house et la techno du label ont marqué les esprits. En offrant des sonorités percutantes et simples, des artistes tels Beau Wanzer, Marcos Cabral, Florian Kupfer, Vereker ou Legowelt - pour ne citer que les plus connus - ont remis au goût du jour des textures analogiques qui avaient été quelque peu désertées par la house et la techno. Loin de tout plagiat ou de vouloir rendre hommage à une scène, L.I.E.S promeut une musique hic et nunc. C'est tout cet état d'esprit de l'instantanéité que l'on retrouve dans Music For Shut-Ins.

La compilation se décompose en deux parties: la première permet de jeter un coup d'œil dans le rétroviseur, tandis que la seconde est faite d'unreleased, sorte de mise en bouche pour l'année 2014. Pour ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion d'écouter des morceaux sortis sur la structure, ne vous attendez pas à une house classique et suave. Ici, le minimalisme règne en maître, la fioriture est bannie, et il ne reste qu'une armature de ce qui avait pour vocation originelle de faire danser. Comme l'explique le patron du label, cette musique a plutôt été pensée comme une anti-dance music : « club music for people who hate going to the club ». Ce nihilisme musical se ressent tout au long de la compilation. En outre, dites-vous bien que vous effleurez seulement la productivité de l'écurie new-yorkaise, puisque ce n'est pas moins de 32 EP's et 3 albums qui sont sortis en 2013. Ron Morelli vous fait là une fleur, avec seulement 22 titres au compteur de Music For Shut-Ins.

Au fond, on ne sait pas trop ce qu'il adviendra de L.I.E.S. La hype retombée, il est à espérer que la structure saura troquer son maillot de sprinteur pour une tenue de marathonien. Bref, on espère encore entendre parler longtemps de Ron Morelli et de sa bande, et mieux encore, que celle-ci devienne une figure tutélaire comme a pu le faire récemment Ostgut Ton dans le domaine de la techno.