Luck

Tom Vek

Moshi Moshi – 2014
par Yann, le 1 août 2014
7

Tom Vek est le genre d'artiste dont on dit qu'il "mériterait d'avoir plus de succès", mais pour lequel on manque de pugnacité à sa défense. La faute à une recette qui semble connue, à ce qu'on pourrait à tort qualifier de manque d'ambition de la part du jeune homme. Du coup, quand un troisième album est annoncé, trois ans après Leisure Seizure, qu'on avait attendu pendant 6 ans, même lorsqu'il est précédé d'un chouette single, on ne le place pas dans nos priorités. Heureusement, nous nous rattrapons à temps pour encore écrire une chronique de ce qui est sans doute le meilleur album du père Tom. Si cet album est meilleur que les précédents, c'est surtout parce qu'on sent que des risques ont été pris. L'homme-machine qu'on imagine "control freak" insatisfait lache sur ce disque des morceaux imparfaits. Quel joie de le découvrir pousser sa voix trop loin ("Trying to Do Better"), de ne pas trouver d'autre fin à un titre qu'un fade-out ("Pushing Your Luck"), de se prendre maladroitement pour Robin Proper-Sheppard ("The Girl You Wouldn't Leave For Any Other Girl"). Derrière le prodige des machines, il y a donc bien un homme, et il a des émotions. Des émotions qu'il ne tente plus de traduire, comme par le passé, dans la rigueur de boucles de guitares et de claviers, mais en mouillant sa chemise. "Ton of Bricks" est en ce sens le meilleur morceau de l'album, profitant d'un refrain irrésistible, d'une tristesse moins détachée qu'auparavant, et qui engage donc plus les auditeurs. Plus tard, sur "The Tongue Avoid The Teeth" et "Let's Pray", il ose le clavier kitsch, un peu dégoulinant et inutile, mais si flatteur qu'on se demande pourquoi il aurait fallu s'en passer. Bien sûr, il ne néglige pas de parsemer son disque de titres purement basés sur l'énergie (le single "Sherman", "Pushing Your Luck"), dans la droite ligne de ses précédentes productions. Alors, est-ce que Tom Vek mérite réellement d'avoir plus de succès ? Certainement. Mais en démontrant dans cet album qu'il pouvait aller plus loin que ce qu'il avait déjà fait, on a moins de doutes sur le fait qu'il y a parviendra un jour.