Leave Me Alone

Hinds

Mom & Pop – 2016
par Pierre, le 11 janvier 2016
8

Hinds, c’est un peu le groupe qu’on aimerait tous détester. Ce côté hipster à la con déjà, comme si pour aimer la musique des quatre Espagnoles il fallait automatiquement retrousser son pantalon jusqu’aux genoux et se trimballer en fixie. Et puis c’est parfois à se demander si elles savent réellement jouer de leurs instruments ou ont déjà pris ne serait-ce qu’un cours de solfège. Mais voilà, ces filles-là ont le truc et le nier serait une absolue connerie. Si on comptabilisait les points, Hinds serait sans doute juste en dessous du pape de la coolitude Mac DeMarco.

Pourtant, Hinds divisent et en laissent certains sceptiques, voire carrément insensibles au charme des quatre gonzesses - pas de considération purement physique, promis. Car ce côté je-m’en-foutiste non feint, c'est l’essence même de la musique du groupe. Pour cela, Leave Me Alone est presque un album punk, aux antipodes d’un rock boursouflé issu de la masturbation collective d’une bande de musiciens. Ici tout est simple : les guitares semblent hésitantes, la section rythmique est d’une banalité terrifiante et l’accent anglais des deux chanteuses est si lamentable qu’on a parfois du mal à identifier la langue chantée - on ne comprend toujours rien au refrain de "Chili Town". Mais contrairement à beaucoup d’artistes, Hinds met tout ça au service des mélodies et celles-ci s’immiscent instantanément dans notre matière grise pour y loger un bon bout de temps. Ce côté nonchalant, cette musique énergique qui pourtant traîne des pieds et les voix qui se cherchent sans cesse font tout l’attrait de Hinds. Alors même si la formule est fragile et paraît relativement casse-gueule, on ne boudera pas notre plaisir à l’écoute des douze titres d’un Leave Me Alone ruisselant de confiance.

En somme, la mayonnaise prend sans qu’on sache trop comment. Mais voilà, c’est ça Hinds : quatre nanas au crâne bourré de rêves, bien dans leur sneakers et qui parfois décident de s’en payer une tranche en jouant un rock décomplexé parce qu’ignorant la rigueur. Cet album donc, si on en connaissait déjà la saveur (la plupart des titres étaient déjà parvenus à nos oreilles), c’est finalement ni plus ni moins qu’un grand bol d’air frais, un plaisir pas si coupable que ça. Et puis merde, les chanteuses sont franchement canons. 

Le goût des autres :
8 Jeff 7 Olivier