La Cucaracha

Ween

Rounder Records – 2007
par Nicolas, le 30 décembre 2007
7

Quand il s’agit de conseiller Ween à des néophytes, il convient d’être prudent. D’ailleurs, il n’est pas rare d’entendre le genre d’exclamations suivantes : "Attention, soit tu vas adorer, soit tu vas détester !" Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces mises en garde collent parfaitement avec l’univers déjanté et en perpétuel mouvement de cette formation pennsylvanienne formée en 1984. S’articulant depuis ses débuts autour des deux faux frères Ween, Dean et Gene, le quintet a connu ses heures de gloires avec The Pod (1991) et Chocolate & Cheese (1994) avant de voir sa flamme s’éteindre quelque peu. Les albums avaient beau se succéder, Ween n’arrivait tout simplement pas à retrouver l’inspiration… Mais comme dans tous les contes de fée, c’est quand on se met à désespérer que la magie finit par opérer. Et Ween de se réveiller à grands coups de… Cucaracha !

Car pour son retour, on n’attendait pas le groupe à pareille fête. Débarquant avec l’instrumental "Fiesta", Ween convie les cuivres pour un départ tambour battant et surtout surprenant. Mais ne se faisant pas prier, la formation change immédiatement de registre en nous balançant "Blue Balloon", une balade un rien crétine. Inutile de vous faire un dessin, Ween prendra un malin plaisir à nous promener tout au long des 13 titres de La Cucaracha : ainsi, le voyage se poursuit entre pop, reggae, dance, latino, rock garage,… tout en n’étant qu’à un doigt de tomber dans la caricature à proprement parler. Autrement dit, Ween est fidèle à lui-même, c’est-à-dire touche-à-tout. Mais est-ce pour autant qu’il transforme ce tout en or ? A vrai dire, c’est à ce niveau que l’on peut se poser des questions, si pas affirmer que le bât blesse. En effet, l’univers de Ween a beau être un télescopage de styles pour, au final, former le sien propre, on est loin de pouvoir affirmer que les différents morceaux tiennent la route en les comparant aux standards de leur genre respectif, d’autant plus qu’on frôle souvent la parodie. S’il y a donc bien des creux, qui peuvent varier selon les humeurs, sur cette Cucaracha, cet opus doit s’écouter d’une traite pour que le charme puisse opérer et surtout pour que Ween puisse nous en faire voir de toutes les couleurs. Car c’est bien là que réside toute la vertu du groupe.

Dans la lignée d’un Chocolate & Cheese, sans pourtant en atteindre les sommets, La Cucaracha nous laisse donc avec une formation en plein renouveau. Après une longue traversée du désert, Ween nous revient dans de meilleures dispositions et nous laisse espérer que les plus beaux jours restent encore à venir. Dans ce cas, il n’y a plus qu’à attendre en se repassant "Fiesta" et les douze autres compositions de cette Cucaracha.