Knives Don’t Have Your Back

Emily Haines & The Soft Skeleton

Grönland – 2007
par Nicolas, le 17 septembre 2007
7

Chanteuse de Metric et membre de la constellation Broken Social Scene, Emily Haines sort cette année un premier effort solo qui la situe à distance respectable de tout ce qu’elle avait déjà fait par le passé. Fruit de quatre années de travail, durant lesquelles elle jonglait entre ses différentes formations, Knives Don’t Have Your Back peut être considéré, dans les grandes lignes, comme un projet piano-voix auquel est venu se greffer The Soft Skeleton, groupe idéal composé de Jimmy ‘Metric’ Shaw, de Scott ‘Sparklehorse’ Minor, de Justin ‘Broken Social Scene’ Peroff et d’Evan ‘Stars’ Cranley.

Sorti voici près d’un an aux Etats-Unis, ce Knives Don’t Have Your Back tourne donc le dos à l’électro-rock branché de Metric et permet à Emily Haines de prendre place aux côtés des Cat Power, Sol Seppy et autres Stina Nordenstam. D’ailleurs, l’atout principal de la Canadienne réside dans sa voix capable de nous glacer le sang durant les 52 minutes d’un album, dont la cover fait incontestablement référence au Escalator Over The HillCarla Bley chante des paroles écrites par Paul Haines, le père d’Emily aujourd’hui décédé. Surtout qu’une part de la tristesse présente sur Knives Don't Have Your Back est imputable à la mort de son poète de père pendant l’écriture de l’opus ("The Last Page", "Nothing And Nowhere"). Mais au-delà du vibrant hommage d’une fille à son géniteur, la mélancolie traverse de part en part ces 13 compositions. Alors même si les musiciens qui accompagnent Emily se montrent aussi indispensables que discrets, Knives Don't Have Your Back dégage parfois l’impression d’une certaine monotonie de l’ensemble. Ainsi, seuls les auditeurs, ayant eux-mêmes l’âme en peine, parviendront à tenir la distance et à savourer, à leur juste valeur, les mélopées voluptueuses de la pianiste. A moins qu'ils ne se soient déjà flingués.

Quoi qu’il en soit, le résultat de cette échappée en solitaire est plus que convaincant au point que l’on pourrait souhaiter à Emily Haines de ne plus jamais s’acoquiner avec sa formation initiale, Metric. Si cette dernière s’affiche comme superficielle, on ne pourra pas en dire autant de sa chanteuse qui réussit là où on ne l’attendait pas. Comme quoi : de la fête à la déprime, il n’y a qu’un pas.

Le goût des autres :
5 Jeff 8 Laurent_old