Iscariotic Lips / Reverse & Repair

L'Estasi Dell'Oro

Macro  – 2014
par Bastien, le 25 février 2014
7

C'est entouré de sa cour, à l'abri dans son boudoir, que Madame de Pompadour avait l'habitude d'écouter L'Estasi Dell'Oro. Cet anachronisme musical résume à lui seul l'esprit du nouvel EP du producteur new-yorkais. Pour ce nouvel effort, Christopher Ernst a eu le souci d'écrire une musique électronique pour accompagner le coït des marquis et des duchesses libertins. La mollesse des fesses blanchâtres du Duc de Nemours et la texture laiteuse des seins de la princesse de Clèves sont comme palpables dans chaque ligne de basse. La trame musicale des deux morceaux principaux tire son inspiration dans les poses lascives de jeunes filles en fleurs. L'EP exhale une odeur aussi lourde qu'exquise de débauche et d'interdits. C'est dans ce décorum un poil chargé que se déploie toute la maestria d'une techno peu habituée a évoluer dans ce genre d'ambiance de partouze. Comme pour mieux jouir et se délecter de chacun des mouvements, Priape et Eros se sont alliés pour faire tourner ces scènes au ralenti. Vous l'aurez compris, pour profiter pleinement de Iscariotic Lips / Reverse & Repair, il vous faudra enfiler votre chemise bouffante et trousser votre bonne façon Marquis de Sade. Pour accompagner ce diptyque, on retrouve un edit réalisé par Stefan Goldmann qui n'est autre que le seigneur du label Macro sur lequel sort l'EP. L'autre morceau vous permettra de faire raisonner une dernière fois les voix baroques d"'Iscariotic Lips". Mine de rien Christopher Ernst réussit une belle pirouette. Faire du neuf avec du vieux est un des credo de la musique électronique, en revanche, faire du vieux avec du neuf l'est moins. Après l'écoute de l'EP, on souhaiterait presque la constitution d'un énième sous-genre techno puisant dans les clavecins, les perruques et le libertinage d'une autre époque.