In Love With Oblivion

Crystal Stilts

Slumberland – 2011
par Pauline, le 15 juin 2011
7

Il y a trois ans, Crystal Stilts était le groupe garage pop à la mode qu'il fallait connaître, qu'il fallait aimer, et qu'il fallait aller voir à l'ouverture de la Route du Rock. En 2007, le comble du chic était de venir de Brooklyn, de porter le cheveux frisé et la Ray Ban Wayfarer colorée. Crystal Stilts était pile dans cette hype pop. Leur album Alight Of Night sortait du lot et venait raffraîchir le milieu des groupes sur-référencés, qui ne pensent et ne vivent que par un vieux souvenir des 80's. Leur album, sorti sur la mythique structure Slumberland, donnait dans un rock dark un peu suave, avec quelques touches de dream pop et de noise et une voix grave bien je-m'en-foutiste. A l'époque, beaucoup d'espoirs ont été places dans des groupes comme Crystal Stilts, qui sortaient de nulle part et créaient l'évènement.

Trois ans plus tard, ils reviennent, moins frais, moins spontanés mais pourtant très en forme. On écoute leur album mollement, persuadés que comme tant d'autres, ils ne sont qu'un énième feu de paille dont on jettera le deuxième opus. Et pourtant, In Love With Oblivion ne joue pas le jeu de la pâle copie. Il s'éloigne du premier effort et tente de nouvelles expériences, toujours avec cette même désinvolture. L'album s'ouvre sur "Sycamore Tree", qui après une intro psychédélique injecte les nouvelles valeurs de cet album : perfusions 70s, refrains accrocheurs, reverb à la Jesus and Mary Chain, petites touches pop. C'est sûr, ils ne s'étouffent pas dans l'originalité, et niveau prise de risque, on a vu mieux. Crystal Stilts garde un pied nostalgique dans les années 80, mais va aussi tester la température dans d'autres eaux. Ainsi "Alien Rivers", "Shake the Shakles" ou "Invisible City" tentent de nouvelles approches plus expérimentales. Le chant se fait plus profond, la voix est plus caverneuse et sombre, un peu moins "sortez-moi-d'ici". Elle rappelle un peu un mélange entre le génial Calvin Johnson et un Jim Morrisson peu inspiré. Plutôt agréable, donc. Elle manque encore beaucoup de confiance et de présence, mais avec un troisième album, Hargett, leader et chanteur du groupe, pourrait vraiment nous surprendre.

Contrairement à leur premier album, très marqué par le titre éponyme nerveux "Crystal Stilts", In Love With Oblivion ne mise pas tout sur un morceau, mais plutôt sur un égrenage de petites réussites. Le groupe confirme ainsi son rang d'espoir de la pop, sans non plus réussir à produire un grand album. On reste donc un peu sur notre faim, en attendant quand même la suite...