Distortion

The Magnetic Fields

Nonesuch – 2008
par Nicolas, le 10 avril 2008
7

Avec sa pochette rose fluo, Distortion cache bien son jeu. Alors qu’il aurait pu être l’écrin d’une nouvelle hype, il s’agit plutôt du huitième album de The Magnetic Fields, formation américaine active depuis près de vingt ans. Derrière celle-ci, on retrouve la personnalité fantasque de Stephin Merritt, un leader jamais en panne d’inspiration. Et même si ce dernier a multiplié les projets, il ne s’est pas fait prier pour en faire de même avec les influences de son groupe principal qui est, lui aussi, en permutation permanente. Après le triple 69 Love Songs et I, deux albums dont les titres en disent long sur le contenu, The Magnetic Fields revient donc avec Distortion. Là aussi, il n’y a pas besoin de vous faire un dessin…

Avec un nom pareil, cet opus se place clairement dans la lignée des mythiques Jesus And Mary Chain, c’est-à-dire dans tout ce que la noisy-pop a fait de meilleur. Mais en dehors de cette référence omniprésente, la notion de distorsion envahit également les textes, qui sont tout à la fois drôles, touchants, tristes et mordants. De la sorte, il n’est guère difficile d’établir des ponts entre paroles et instrumentations, le tout reflétant le sentiment de déformation du sujet en regard du réel. Mais à ce son saturé laissant libre cours aux distorsions et autres larsens, hérité pour rappel des frères Reid, Stephin Merritt n’oublie pas d’y adjoindre, subtilement certes, son amour de la pop spectorienne, bien aidé en cela par la présence de Shirley Simms au chant sur près de la moitié du disque. On le sait d’avance, la conception que se fait Merritt de la pop-song n’excitera pas les foules car, même si le songwriter nous livre quelques titres coulés dans un lyrisme alambiqué, ce Distortion nécessite moult écoutes attentives avant de littéralement se dévoiler à l’auditeur. Cependant, il faut reconnaître aux Magnetic Fields cette faculté d’occuper au mieux l’espace qui leur est laissé et surtout de rester en perpétuel mouvement après toutes ces années. D’autant plus qu’ils nous prouvent ici que The Raveonettes ne sont pas les seuls à pouvoir se revendiquer de Psychocandy.

Le goût des autres :
4 Julien