But Merely Flesh

Ritual Fog

Transcending Obscurity – 2025
par Simon, le 26 janvier 2025
6

Sur Goûte Mes Disques il ne faudrait que les meilleurs groupes, qui sortent par définition leurs meilleurs disques. Pour ceux-là, nous sortirions nos meilleurs chroniques. Il suffit d’ailleurs de regarder les notes moyennes données dans ces pages pour se rendre compte que nous sélectionnons avec soin les groupes que nous évoquons. Ici, il est souvent hors de question de coter un disque en-dessous de ce qui apparait comme la note minimale de satisfaction, nous les enfants gavés aux classements de tout et n’importe quoi, à la jurisprudence IMDb ou aux Best New Music de chez Pitchfork. Mais que reste-t-il dans tout ça pour ces groupes qui ont comme principale qualité d’être des charbonneurs en lisière de toute célébrité, capables de ne rien transcender en proposant malgré tout un contenu musical d’une qualité évidente ? Une sorte de zone grise, d’antichambre de la notoriété, qui voit ces centaines de groupes batailler pour un succès tout au plus d’estime.

De ces groupes, le metal en est plein à ras-bord. Des centaines de labels indépendants pour des milliers de groupes qui se débattent dans un underground beaucoup trop chargé, qui jouent dans des bars trop petits aux quatre coins du monde (pour ceux qui peuvent envisager le modèle de la tournée) et qui trouvent leur public au détour d’une recherche sur Bandcamp ou de leur présence sur un label plus ou moins notable. Mais qu’on se le dise une bonne fois pour toutes, c’est ceux-là qui sont, d’une certaine manière, le poumon vital d’une bonne partie de l’intégrité des genres musicaux. La scène metal, prise en dehors des grandes têtes de gondole, c’est d’abord et avant tout eux. Ceux qui ressassent inlassablement des riffs en dépit du bon sens, qui font vivre jour après jour le speed metal, le thrash, le death ou le black, le stoner rock, le d-beat, le grindcore ou le sludge en dehors des logiques de réussite commerciale. L’idée est de représenter et de mourir avec ses idées, quitte à tous se ressembler. You live by the cvlt, you die by the cvlt.

Et ce n’est pas bien grave en définitive si on a déjà entendu tous les riffs de But Merely Flesh avant de les avoir écouté. Ritual Fog fait tellement bien les choses dans cette demi-heure de death old-school à consonance thrash qu’il est impossible de tirer à balles réelles sur les éventuelles redondances. Le groupe de Memphis sait comment jouer lourd et habile (avec quelques incursions doom qui ne gâchent rien), ne rate aucune occasion de taper un solo décadent quand l’occasion lui est donnée, aligne ses riffs de manière simple et rapide en soignant des parties vocales extrêmement bien éraillées. Ritual Fog offre ce qu’il est capable de proposer, avec une honnêteté qu'il fait terriblement bon d'avoir près de soi. Il est une bonne tartine de gras, qui nous rappelle les vraies raisons de notre amour du metal et des musiques extrêmes. Qu’importe si certains font plus innovants, mieux exécutés, plus inventifs. Certains sont juste là pour faire le job avec passion, sans autre plan que de jouer du riff de seigneur, de produire du merch mega cool et de nous faire headbanger à peu de frais dans tous les bars un peu référencés de ta ville. Un album simple qui a viré à l’obsession ici, un vrai bon 6.5/10 qui sonne dans un multivers moins connement axé sur la performance comme un 8/10 bien humble.