Believe

Levantis

Trilogy Tapes – 2013
par Bastien, le 29 janvier 2014
8

Il y a peu de temps encore, il existait en nombre des bouilleurs de cru qui écumaient les campagnes avec leur alambic pour extraire la goutte, la gnôle, le digestif, le pousse-café, plus communément appelés eau-de-vie. Ces personnes, avec tout leur savoir-faire, savaient comme par magie transformer un fruit en un nectar qui faisait tourner toutes les têtes, aussi bien au fond d'une cave qu'à la fin d'un copieux repas dominical. N'était pas bouilleur de cru qui voulait, et ce privilège se transmettait de père en fils. Levantis semble être un héritier de ces Dionysos vivants. Sauf qu'au lieu d'extraire de l'alcool, celui-ci nous sort des décibels. Quant à l'effet engendré par l'absorption de ce jus musical, il est toujours le même que celui provoqué par un spiritueux, à savoir une ivresse chaude et duveteuse. Concernant l'identité réelle de notre bougre, rien ne semble avoir filtré si ce n'est que Levantis serait l'alias d'un producteur connu.

Pour nous produire ce tout premier EP, Levantis a mis dans son alambic un peu d'Andy Stott, du Omar S, du Actress, du MPIA3, du Clams Casino ou encore du John Roberts. Un joli bouillon dans des styles bien différents et qui, assemblés, donnent un son rempli de distorsions faisant la part belle à de véritables hallucinations auditives. Après filtrage et mise en bouteille du liquide, on obtient Believe, qui fait le grand écart entre la raw house, de la techno, du down-tempo avec un arrière-goût d'expérimental très prononcé. L'alambic et les ingrédients dévoilés, il est grand temps de sortir les verres pour passer à une dégustation en bonne et due forme. L'ep s'ouvre sur "Music Hall", sorte de house bourrée de  filtres et de reverb qui montent à la tête comme l'éthanol. S'ensuit "Pieces", incontestablement la meilleure bouteille sortie de l'alambic de Levantis : un kick gabber que ne renierait pas MPIA3, accompagné d'un vocal qui rendra aussi fou qu'une trop récurrente consommation d'absinthe. "See" fait office de trou-normand en faisant redescendre la pression tout en maintenant dans l'euphorie provoquée par "Pieces". "Take my Heart" est le verre de trop, pas celui qui rend malade mais plutôt celui qui met le feu aux veines et à l'esprit.

Ne vous inquiétez pas, aucune gueule de bois à l'horizon avec Believe, juste une addiction sournoise. De l'alcoolisme ? Oui, mais il faut bien mourir de quelque chose ma petite dame !