Aw Cmon / No You Cmon

Lambchop

City Slang – 2004
par Popop, le 17 février 2004
8

Quand on y réfléchit bien, ils ne sont pas si nombreux que ça les artistes que l’on est prêt à suivre les yeux fermés année après année, avec une ferveur et une admiration sans cesse renouvelée. Car pour autant de merveilles d’un jour, combien de lendemains pleins de déceptions ? Combien de carrières passées à rechercher la magie du premier jour ? Kurt Wagner, leader du collectif Lambchop, est de ces songwriters qui forcent le respect album après album, avec une régularité étonnante.

Pourtant, rien ne ressemble plus à un disque de Lambchop qu’un autre disque de Lambchop : une mélancolie omniprésente, des mélodies au tempo lent et qui semblent toutes s’auto plagier, un mélange de folk et de country typiquement nashvillien, et la voix rauque et enfumée de Kurt Wagner en signe de ralliement. Bien sûr, tout cela n’est qu’illusion. En y regardant de plus près, tout devient plus clair : des mélanges de country classique et moderne de How I Quit Smoking à la soul revisitée façon Curtis Mayfield de Nixon en passant par l’éclectisme pop-rock de What Another Man Spills et le songwriting épuré à l’extrême de Is A Woman, le collectif américain ne cesse de se renouveler dans la continuité.

En 2004, l’évolution continue via un double album faussement séparé en deux entités distinctes qui se répondent et se défient par leurs titres respectifs. D’emblée, que les choses soient claires, on se fiche de savoir si un simple disque aurait été mieux. En s’obligeant à écrire un morceau par jour, Kurt Wagner s’est constitué un répertoire foisonnant avant d’entrer en studio, et les 90 minutes retenues ici ne peuvent que donner raison à son ambition. Entre une poignée d’instrumentaux jouissifs et quelques-unes des plus belles chansons écrites en ce début de millénaire, Lambchop a abandonné la simplicité de Is A Woman pour un ensemble nettement plus riche, où les cordes abondent.

S’il fallait vraiment séparer ces deux frères siamois, on pourrait dire qu’au classicisme de Aw Cmon répond l’éclectisme de No You Cmon, ce dernier se révélant au final légèrement plus excitant avec ses écarts rock (l’étonnant "Nothing Adventurous Please" ou "The Gusher") et ses titres plus sombres ("Low Ambition"). Mais pourquoi choisir lorsqu’un double plaisir s’offre à nous ?

Le goût des autres :
8 Julien