Afro Strut

Amp Fiddler

Pias – 2006
par Nicolas, le 6 novembre 2006
7

Sous l’œil de plusieurs centaines de milliers de téléspectateurs proches du nirvana, une dizaine d’académiciens actuellement enfermés dans un château suivent les cours de professeurs plus médiocres les uns que les autres. Si ce genre d’émission constitue à leurs yeux un passage obligé vers une notoriété de pacotille, il reste fort heureusement un nombre bien plus important d’artistes faisant leurs gammes dans l’ombre. Ensuite, il y a également quelques chanceux qui, à l’image d’Amp Fiddler, profitent d’un enseignement de prestige sans les désagréments causés par la télé-réalité. Après avoir fait ses premières armes au sein des deux formations de George Clinton, Parliament et Funkadelic, Joseph Fiddler eut l’opportunité de faire les claviers et les arrangements pour des artistes aussi prestigieux que Prince, Herbie Hancock mais également Jamiroquai, Carl Craig, Primal Scream,… Et ce n’est que la quarantaine passée que cet originaire de Motown (autrement dit Détroit) livra un premier album solo, Waltz Of The Ghetto Fly en 2004.

Deux ans plus tard, Amp Fiddler remet donc le couvert avec Afro Strut. Bien que généralement étiqueté "nu soul", cet artiste dépasse largement les frontières du genre pour explorer les étendues du funk, parfois fortement syncopé comme sur "Seven Mile", tout en y mêlant une pointe d’électronique. Ou encore, ô surprise, un phrasé aux accents ragga sur "I Need You". Si Amp Fiddler possède un sens du groove au-dessus de la moyenne ainsi qu’il a le don d’écrire des morceaux s’imposant à la première écoute ("If I Don’t"), il faut admettre que son répertoire ne transpire pas l’originalité absolue. Pour s’en convaincre, il suffit de s’attarder quelques instants sur un "Funky Monday" où plane l’ombre de son maître, George Clinton. Mais avec les parrainages de Raphael Saadiq (à la basse sur "Faith"), de Keziah Jones (à la guitare sur "Afro Strut"), de Larry Gold ("Hustle") ou de Stephanie McKay (au chant sur "Heaven"), il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’Amp Fiddler est en train de se construire un répertoire digne des plus grands. De là à dépasser (voire égaler) un jour celui de son maître ? Réponse dans quelques années…

Le goût des autres :
8 Soul Brotha