Acoustic Hymns, Vol. 1

Richard Ashcroft

BMG – 2021
par Nico P, le 25 janvier 2022
6

Cela faisait désormais bien des années que nous avions arrêté de nous soucier de la carrière de Richard Ashcroft, qui faisait davantage parler de lui pour d'éternels problèmes de royalties que pour quelques compositions pop de toute façon devenues terriblement obsolètes. En fait, en regardant dans le rétroviseur, le désamour date de United Nations of Sound (2010), sorti sous le nom de RPA & The United Nations of Sound. Une bouillie qui, sans surprise, s’est fait descendre par la critique, et ne bénéficie toujours pas à ce jour de la moindre considération nouvelle. 2010 donc. Nous sommes en 2022.

Acoustic Hymns, Vol. 1, au-delà du titre doublement pompeux (les hymnes, passons encore, mais l’annonce voilée d’un deuxième volume, voyons, un peu de retenue), n'annonce rien de bon. Reprendre ses classiques d'antan, leur donner une autre couleur (acoustique, principalement), inviter un camarade prestigieux le temps d’un single (Liam Gallagher, pour ne pas le nommer) et emballer le tout comme un retour en grande forme… Désolé, mais on ne nous la fait pas, on ne nous la fait plus depuis bien des années. Quand bien même notre petit cœur de rockeur, ex-fan des nineties, enfant de la britpop né trop tard pour réellement en profiter, serait amadoué par une reprise somme toute plutôt réussie de “Bittersweet Symphony” dès l’ouverture du disque.

Oh et après tout, Richard Ashcroft fait bien ce qu’il veut. Ces chansons sont les siennes. Sa voix n’a pas pris une ride, alors même que celles de ses camarades de jeu sont passées par tous les tourments (Liam, toujours lui). Et désormais seul détenteur des droits de “Bittersweet Symphony” (encore elle) – le titre reprend la mélodie de la chanson “The Last Time” des Rolling Stones, arrangée et interprétée en 1966 par le Andrew Loog Oldham orchestra. Mick Jagger et Keith Richards seront ainsi crédités comme co-auteurs avec Richard Ashcroft, avant qu'ils ne décident en 2019 d'abandonner leurs droits – nul besoin de penser à l’état du compte commun avant un petit moment. Et alors pourquoi ne pas la ressortir ? Nouvel emballage, même bénéficiaire.

Reprendre ses anciens tubes, les modifier, très légèrement, parfois de manière presque imperceptible, rarement de façon inspirée (“Weeping Willow”, “Space And Time”, “Velvet Morning”, un peu) est-ce un besoin, ou une envie ? On nous dit que le projet est né, quel storytelling original, durant le confinement. Se retrouver, partager, etc., etc. Nous pensons plutôt à une brutale manifestation de l’ego. Car Ashcroft reste, encore et toujours, une star inconnue, un compositeur de génie, bouffé par ses folies, son aura bien trop grande, son rayonnement bien trop intense. Fossoyeur par trois fois de The Verve, capable en solo du meilleur comme du pire, il n’a jamais cessé d’être en mouvement, et pourtant, il n’a jamais cessé d’être une ombre. Acoustic Hymns, Vol. 1 est une boursouflure, un épisode de panique, un moment. Les chansons sont belles, les chansons sont grandes, retrouvent même parfois une seconde jeunesse, mais personne n’appréciera et ne comprendra jamais mieux ce disque que Richard Ashcroft lui-même.