A Thousand Words

Styrofoam

Nettwerk – 2008
par Simon, le 17 avril 2008
7

Être Belge et réussir dans la musique a toujours été une seconde nature pour les habitants du célèbre plat pays. Parlez à un allochtone de groupes aussi renommés que peuvent l’être dEUS ou encore les intouchables frères Dewaele (Soulwax, 2 Many Dj’s) et c’est tout un pan de la culture belge qui s’illumine sous des éloges méritantes. Evidemment, restreindre le talent de nos artistes à ces quelques noms jetés à la va-vite risquerait fort bien d’occulter la grandeur de la ressource dont ils font preuve. Le nom de Styrofoam ne vous dira peut être rien a priori mais il est indéniablement un de ces innombrables soldats de l’armée du bon goût belge.

Ce jeune groupe anversois a de quoi s’attirer une sympathie toute immédiate à en regarder son curriculum vitae chargé, jugez plutôt : cinq albums sur la prestigieuse écurie poptronica Morr Music, une collaboration avec Múm et un nouvel album sur Nettwerk. Bref, le stade du débutant maintenant loin derrière lui, Arne Van Petegem peut entrevoir l’avenir musical avec une sérénité toute méritée. Et c’est bien l’album d’un homme libéré qu’il nous est donné d’entendre avec ce A Thousand Words, quoique non, toujours aussi rigoureux, Styrofoam ne lâche pas une miette de son talent d’électronicien un peu gamin pour embellir une pop apparemment innocente. Comme l’auteur aime le souligner, celui-ci travaille des paroles d’une tristesse évocatrice sur des ambiances enjouées ; un environnement contrasté donc qui sied à merveille à ces onze pistes légères et sucrées. Qu’il soit seul ou accompagné d’artistes aussi divers que bienveillants (Jim Adkins, leader de Jimmy Eat World, Josh Rouse ou encore Blake Hazard), Styrofoam étonne par sa clairvoyance et sa perspicacité, trouvant toujours le mot juste à coupler avec des micro-craquements sur fond de nappes candides. Une simplicité qui ne demande qu’à être explorée car, comme tout auteur poptronica qui se respecte, l’Anversois parsème son travail de détails qui croustillent sous la bouche, de ritournelles synthétiques qui donnent à cette œuvre posée une saveur toute particulière au moment de leurs soudaines éclosions.

Un disque qui prend rapidement une fraîcheur presque nordique appréciable mais frôlant de près une impression passagère de trop-plein une fois passé le cap de la moitié du disque. Une galette qui tombe parfois dans le travers belge, à savoir un disque aux belles ambitions qui cumule tout de même une série de passages parfois trop académiques, une envie de bien faire trop grande sûrement dans le cas présent. Il n’en reste pas moins que A Thousand Words se déguste avec un certain plaisir : les pieds dans l’herbe, la larme à l’oeil, mais le sourire au bout des lèvres. Et si on avait trouvé ici le palliatif idéal aux résultats médiocres de notre équipe nationale ?