A Different Kind of Truth

Van Halen

Insterscope – 2012
par Laurent, le 17 mars 2012
9

Les retours de grands groupes du passé sont toujours à prendre avec des pincettes. Beaucoup trop d'exemples ont montré que seuls les gains faciles semblent guider ces reformations des années après la rupture. The Pixies, The Police, Faith No More, Guns n’ Roses, les exemples ne manquent pas et pour chacun on trouvera du pour et du contre. Dans le pour, cela permet souvent à ceux qui rêvent de les (re)voir en concert de réaliser ledit rêve. D'autres, nombreux, convaincus que la musique n'est plus ce qu'elle était se précipiteront sur ces valeurs dites sûres. Enfin, les derniers, qui sait, découvriront le groupe et se plongeront dans leur discographie.

40 ans que Van Halen a été formé. En 1985, après la tournée de l'album 1984 (qui contient le fameux « Jump »), l'acrobatique David Lee Roth s'en va faire son « Just a Gigolo » auprès des « California Girls ». Il est remplacé par une gloire américaine, le chanteur permanenté Sammy Hagar, avec qui Eddie Van Halen continuera ses expériences synthé/guitare électrique entamées sur l'album susmentionné. Le groupe continue malgré tout à avoir un gros succès aux USA. Une reformation éphémère avec Roth, puis avec un nouveau chanteur, Gary Cherone d’Extreme et de nouveau Hagar, finit par lasser et à friser l'acharnement thérapeutique.

Qu'en est-il aujourd'hui ? Sammy Hagar et le bassiste Michael Anthony sont allés former un super groupe, Chickenfoot, avec le batteur Chad Smith (des Red Hot Chili Peppers) et Joe Satriani. L’album sorti fin 2011 n’est pas mal, sans plus. Quant à Van Halen, le groupe sort enfin l'album que tout le monde attendait depuis belle lurette - un peu comme si Genesis se reformait avec Peter Gabriel au chant. Car il s'agit bel et bien de la formation initiale, à une exception près. En effet, autour de David Lee Roth, Eddie et Alex Van Halen, on trouve à présent le fils d'Eddie, Wolfgang, à la – basse – place d'Anthony.

Passé le hit un peu trop téléphoné « Tatoo », dès « She's the Woman », on découvre un album aux guitares rutilantes et aux chœurs fédérateurs. Une façon comme une autre de prouver qu'il est encore trop tôt pour les enterrer, que l'album mou du genou ne sera pas encore pour tout de suite. Eddie Van Halen n'a rien perdu de son expertise, ses solos sont fantastiques, la rythmique à point. On croirait avoir à faire à de – très bonnes – chutes de studio de la période 1972-1985 tant on retrouve tout ce qui a fait la gloire de Van Halen. En fait, on apprendra sans surprise que certains de ces titres ont été inspirés de démos de l'époque… Sur « You and Your Blues », on prend son pied. Enfin, last but not least, David Lee Roth s'en donne à cœur joie, liant la sauce comme un maestro, apportant le piquant juste là où il faut. « China Town » démarre en trombe, « Blood and Fire » continue de plus belle. VH est vraiment en forme, avec le poil à gratter DLR. Le groupe de hard comme on les aime. « Bullethead » rappelle la rythmique de « Hot for the Teacher », c'est dire si c'est soutenu.

En fait, A Different Kind of Truth s'écoute comme un best of tant tout est cohérent, bien pensé, bien calibré, varié. L'album transmet une énergie (« Stay Frosty ») qui fait du bien en ce début 2012. La production (Ross Hogarth) est nickel. Enfin, David Lee Roth apporte des guignolades très vivifiantes. C’est d’ailleurs lui qui tire l’épingle du jeu de ce retour couronné de succès. Voici donc une longue histoire qui se termine très bien, par un très bon disque. On est content. On le sera d’autant plus de les voir lors de la tournée spectacle qui va suivre…