200 Million Thousand

Black Lips

Vice Records – 2009
par Romain, le 20 mars 2009
8

La folie est un moteur incontournable du rock’n’roll et de la culture en général. Ce n’est pas pour rien qu’Erasme en a fait un éloge à l’époque où les hommes portaient encore des bas collants, ce n’est pas pour rien que Nietzsche a embrassé un cheval, et ce n’est pas pour rien non plus que le Captain Beefheart s’est perdu dans les limbes tourmentées de son esprit. Les Black Lips l’ont bien compris et ils en remettent une couche pour notre plus grand plaisir.

De l’œuvre du Captain Beefheart, puisqu’on vient d’en parler, 200 Million Thousand semble être le digne héritier. Des titres aussi kaléidoscopiques que « Trapped In A Basement » ou « Baby Jesus Of Today » ont tôt fait de nous replonger dans un marasme d’élucubrations délirantes dignes de l’ancêtre. Un grain particulier qui n’avait pas échappé au Brian Jonestown Massacre qu’on peut citer comme la deuxième source d’inspiration des Texans sur cette plaque. Thank God For Mental Illness a manifestement bien marqué ces derniers car on en retrouve l’empreinte bien nette sur des titres comme « Short Fuse » ou le très mystique « Old Man ».

Avec de telles influences, pas étonnant  que « dérangé » soit un qualificatif particulièrement éloquent pour définir 200 Million Thousand, mais « génialement dérangé » serait encore plus à propos. Aussi brouillons, délirants et énergiques que soient les Black Lips, ils ont une vilaine propension à pondre d’excellentes chansons. Qu’on ne s’y méprenne pas, cet album regorge de mélodies qui ne sont pas piquées des vers et qui pourraient figurer parmi ce qu’ils ont fait de mieux jusqu’à présent. Je ne parle pas ici de bombes rythmiques comme « Ô Katrina » qui font leur petit effet en salle mais de titres vraiment réfléchis et charpentés.

L’album de la maturité donc ?  Jamais ! Impossible d’utiliser un terme pareil pour des types qui semblent, heureusement, ne pas avoir dépassé l’âge de 11 ans et demi. Néanmoins on a fait un pas de plus depuis Good Bad Not Evil et Let It Bloom. Avec cet album, les Black Lips découvrent une nouvelle facette de leur talent !

Le goût des autres :
8 Nicolas