Concert

Les Ardentes 2011

Liège, le 7 juillet 2011
par Jeff, le 14 juillet 2011

These New Puritans
Jeudi / 19.20 – 20.10 / HF6

Tandis que cette année, l’affiche des Ardentes péchait parfois par manque d’ambition, These New Puritans ont eux eu l’excès inverse.  En effet, quand un groupe de calibre moyen se pointe à un festival sans la moindre actualité et n’a pas les honneurs d’un passage à une heure de grande écoute, la moindre des choses est de se reposer sur les fondamentaux et les classiques, histoire d’attirer le chaland – dans le cas des Anglais de chez Domino, on pense à l’incandescent « Elvis ». Mais le chaland, These New Puritans semblent s’en taper comme de leur premier slibard. Les guitares ont pour ainsi dire été rangées dans le placard ; place à la section de cuivres qui en impose, aux bruits de chaîne, aux synthés offensifs et aux percussions  grandiloquentes. On se demande encore si le groupe a délibérément voulu prendre le public à rebrousse-poil, mais ce qui est certain, c’est que celui-ci n’a pas vraiment été réceptif à cette prestation rugueuse. Pourtant, celle-ci ne manquait pas de qualités. Hypnotique à souhait et puisant allègrement dans le Hidden de 2009, le concert de These New Puritans a malaxé sans complaisance les styles pour nous offrir une prestation glaçante de rock avant-gardiste. À l’arrivée, on se dit que la prestation est de celles que l’on n’oublie pas, ne serait-ce que parce qu’elle tranche avec la mollesse consensuelle dans laquelle se complaisent les groupes qui enchaînent les festivals comme le festivalier aligne les binouzes.

Stromae
Jeudi / 22.40 – 23.30 / HF6

Si la rédaction de Goûte Mes Disques ne s’est jamais privée d’allumer un artiste qui le méritait bien, elle s’efforce autant que possible d’éviter la mauvaise foi au moment fatidique de tailler un costard. Donc si on n’a jamais été trop convaincu du talent du jeune Stromae, il nous fallait tout d’abord goûter à l’expérience live avant d’écrire la moindre ligne sur le bonhomme. Heureux hasard (ou pas) puisque le Bruxellois faisait office de tête d’affiche officieuse – le bougre n’a pas joué sur la grande scène – de cette première soirée. Premier constat : la salle est comble. La logique est entièrement respectée ici, à en juger tant par  le tapage médiatique aux quatre coins de notre Plat Pays que par la donne populaire de son registre musical. On se commande une nouvelle mousse pour se donner du courage (les marins à côté nous ont conseillé une lampée de parfum mais il nous restait encore trois jours à tenir). Et le concert de commencer. La rengaine peut se caricaturer dès le premier titre : paroles mi-cool, mi-engagées (mais toujours niaises et les deux pieds dans les lieux communs), structures rythmiques au ras de la fange et gros déluges de claviers primaires. Bref on aurait dû écouter les marins. Pour le reste, l’engouement populaire… On vous renvoie au phénomène Black Eyed Peas. Alors Stromae, vrai Jacques Brel 2.0 ou grosse arnaque à la belge ? Il nous semble surtout que la Belgique est à la musique ce que la France est au football, une vraie machine à créer des produits surfaits.

The Human League
Jeudi / 00.00 – 01.00 / HF6

De loin, on sentait que ce groupe n’aurait pas l’accueil qu’il méritait. Qui, sinon l’auditeur averti ou le quadra en goguette, a encore quelque chose à foutre de la légende new wave en 2011. Ben apparemment pas grand monde. Toujours est-il que le groupe a été méritant et a fait le job à plein temps, choristes comprises dans le prix. Tous claviers dehors, la formation de Sheffield ne s'est pas fait prier pour faire péter les tubes d’hier et… d’hier devant des spectateurs respectueux (trop peut-être) et heureux de pouvoir se payer ces précurseurs dans une forme pas encore trop dégradée. Avec une mention spéciale aux deux choristes: la première avait sa place au Bois de Boulogne et l’autre, malgré ces cinquante balais et sa tête de squelette, aurait fait des heureux dans un pieu en fin de soirée. Mais personne n’osera finalement l’avouer donc ça reste entre nous. Un tout bon concert quand même.

Kelis
Jeudi / 01.30 – 02.30 / HF6

Chère Kelis,

Sache-le, cette missive est la dernière. En effet, il y a un an déjà, nous avions été les témoins impuissants de ton improbable mutation en grande prêtresse de l’eurodance putassière produite par David Guetta ou Benny Bennassi. Pour les fans de la première heure que nous sommes, la pilule est forcément difficile à avaler. On peut même dire que ta transformation nous fait mal au cul. Pas comme un petit doigt que l’on insère timidement dans le derrière de sa copine dans l’espoir de l’initier aux joies du sexe anal. Non, les neuf bouses de ton Fleshtone ressemblent plutôt à ce godemiché aux mensurations démesurées que de pauvres filles de l’Est surcokées s’enfoncent généreusement dans l’arrière-train pour le plus grand plaisir d’internautes à la libido pervertie. Que reste-t-il de ces escapades sensuelles en compagnie des Neptunes, de ces productions démentielles magnifiées par un sex appeal incandescent ? À la vue de ton concert aux Ardentes, on a envie de répondre  « pas grand-chose ». À la sensualité torride de « Good Stuff », « Trick Me » ou « Milkshake » s’est substitué un appétit démesuré pour la gâterie dopée à l’instantanéité et l’absence totale de classe. Les mauvaises langues me disent que tu n’aurais jamais dû convoler en justes noces avec un certain Nas, autre artiste au talent fou qui a scié la branche sur laquelle il était assis en jouant la carte de la facilité. Pourtant, le divorce est aujourd’hui prononcé et on ne voit pas le moindre signe d’amélioration. La cause serait-elle définitivement perdue ? On en a bien peur. Adieu.