2019 en 50 albums

par la rédaction, le 14 janvier 2020

Pour GMD, les années 2010 se seront terminées de bien étrange manière. Dans un monde qui mute autant que le style de Russell Westbrook, ce qui devait arriver arriva : à force de basher les webzines qui avaient gagné du lectorat en postant des vidéos ou des mèmes sur les réseaux, on a été pris à notre propre jeu à la faveur d’un post improbable avec Georges-Alain Jones en vedette. 2019 aura-t-elle pour autant été l’année de la consécration ? On préfère vous le dire tout de suite : c’est le genre de questions qu’on ne se pose pas vraiment. Et cette année, fin de cycle décennal ou pas, succès star-academiesque ou pas, on a continué à faire le taf sans vraiment se soucier du monde qui nous entoure. Chercher, creuser, discuter, mettre en lumière des disques et des artistes qui nous semblent importants parce qu’ils disent quelque chose du monde dans lequel on vit. Voilà donc 50 disques, qui racontent 50 histoires sur une année qui n’a peut-être pas été riche en bouleversements, mais qui, avec le recul, aura quand même vu émerger de sacrées galettes. Beaucoup d’albums ont été laissés de côté, parce que GMD, c’est avant tout un groupe de gens qui s’écoutent les uns les autres et qu’on a fait en sorte que chacun puisse donner son avis, mais aussi parce que vous balancer un top 300, ce serait vous faire croire que ça remplace notre travail de l’année. En 2019, on a écrit des dizaines de chroniques, un sacré paquet de dossiers, des centaines d’articles qui vont ont permis de suivre l’actualité musicale, et on ne vous étonnera pas trop en vous annonçant qu’en 2020, on espère pouvoir faire la même chose.

#50

Private Meaning First

The Psychotic Monks

S’il avait fallu classer cet album pour la force qu’il parvient à déployer en live, il ne fait aucun doute que Private Meaning First aurait tutoyé les sommets du présent classement. Noise, post-rock, post-punk, garage rock, tout y passe. Mais franchement, l’étiquetage n’a plus beaucoup d’importance depuis que les Parisiens ont décidé de totalement lâcher la bride, d’embrasser le chaos pour de bon. Désormais, il s’agit pour eux de heurter les sons les uns contre les autres jusqu'à ce que la mèche s'embrase et que la détonation souffle tout sur son passage. Le K.O. debout de 2019.

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#49

Edge of Everything

Paula Temple

Combien de morceaux de techno sont publiés chaque jour dans le monde ? On n’en a aucune idée, mais on est certains d’une chose : pas simple de trouver son chemin ou de séparer le bon grain de l'ivraie. Lorsqu’une forme perd de son originalité, les artistes qui souhaitent prendre un peu de recul sur leur art ont besoin de changer de format. On comprend donc bien le choix de Paula Temple de sortir son premier album en 2019, après une carrière déjà monumentale. Edge Of Everything est un terrain d’expression et de liberté comme elle n’en a jamais eu, et c’est une vraie réussite. On vous prévient par contre : le calme dont elle bénéficie pendant la création ne garantit pas la douceur de la musique.

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#48

Wahala

Yatta

Elles en sont où, les musiques queer, en 2019 ? A côté des tentatives de mise en lumière dans un paysage politique encore peu sensible aux discriminations de la communauté LGBTQI+, la représentation à l’horizon musical n’est pas acquise, du moins dans les cercles les plus mainstreams. Ce n’est pas faute de pousser du côté des musiques expé : après l’émergence d’artistes comme Mikky Blanco ou Yves Tumor, 2019 a timidement noté l’existence de Yatta. On espère pourtant que sa musique produira ses effets, même avec un certain retard. Car Wahala est une bombe de narration : le malaise de l’Afrique et son héritage du blues, les violences de la masculinité, la paradoxale tristesse de la création esthétique en solo, tout se déploie lentement et méthodiquement à travers onze titres qui couvrent un champ monumental de la musique contemporaine. Pas un des disques les plus abordables de 2019, mais assurément un disque fort.

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#47

H.A.A.Q.

Liturgy

Liturgy ose, avec une désinvolture déconcertante, bousculer les codes d’un black metal qui se prend trop souvent au sérieux. Quand Deafheaven ou même Wolves In The Throne Room s'aventurent à revisiter le genre, il faut bien admettre qu’ils glissent parfois sur la peau de banane du premier degré – surtout sur scène. Mieux : Liturgy incarne à merveille les fondements mêmes du black metal, contrairement à ce que voudraient vous faire croire ceux qui voient dans le groupe l’une des plus vastes fumisteries de ces dix dernières années. Nous on y voit une certaine forme de génie, bien qu'à la limite du trolling.

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#46

Let The Sun Talk

MAVI

Face à l'évidente ressemblance vocale, on a une théorie un peu farfelue au sujet de MAVI et Earl Sweatshirt : à l'instar du dieu romain Janus, les deux rappeurs sont en réalité une seule et même personne. Les jours sombres, c'est la déprime d'Earl qui se cache sous les dreads ; les jours de lumière, c'est l'optimisme rêveur de MAVI qui prend le dessus. Bien sûr, notre fumeuse hypothèse ne tient pas la route : mais le fait qu’on ait envie de déconner là-dessus est une nouvelle preuve montrant que cette vague alternative dans le hip-hop US, symbolisée par des artistes comme MIKE ou billy woods, n’est pas une hype. Elle s’installe lentement, sûrement, avec talent.

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#45

Spiritual Instinct

Alcest

C’est toute la difficulté lorsqu’on cherche à placer Alcest sur l'échiquier musical : on ne sait pas très bien. Et ce nouvel album n’arrange rien. Il faut avouer que le binôme français aime toujours autant brouiller les pistes avec des compositions évoluant de manière totalement décomplexée entre shoegaze, metal atmosphérique, post-metal et dream pop. Mais si Spiritual Instinct partage de nombreuses similitudes avec Kodama, le groupe semble tout de même avoir refoulé les gimmicks pop à grands coups de blasts beats et de hurlements. Pourtant, la musique d’Alcest reste accessible à l’oreille un peu curieuse et on en vient à trouver dommage que la schizophrénie de son positionnement ne lui permette pas de toucher un public plus large que celui de la sphère purement metal.

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#44

BUBBA

Kaytranada

Par sa capacité à tisser un vrai fil conducteur malgré une grande variété de contenus, BUBBA ne tombe pas dans le piège de l’album compilation, et réussit à proposer un vrai disque de producteur. Photographie du R&B de la fin des années 2010, l’album propose une riche palette chromatique, dont on arrive pourtant à identifier le propriétaire sans peine. Bref, ressortez les durags, les bouteilles de Courvoisier, et les shiny suits : ici, on entre dans le domaine du clinquant, on réserve ses plus belles courbettes pour le new jack swing et la funk à tonton, et on empile les tubes avec suffisamment d’exigence et d’audace pour évoquer, par moments, les plus belles fulgurances de feu DJ Mehdi.

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#43

Resonant Body

Octo Octa

Octo Octa va mieux, et son dernier disque est celui d’une éclate totale. Loin d'enchaîner les DJ tools sans âme, Resonant Body est formidablement construit et chaleureux, débordant de bonheur, de spontanéité et de sincérité. La plus belle preuve de ce qu'on vous raconte, on la trouve dans cette petite bombe qu’est "Move Your Body", son vocal hyper efficace et ses lignes mélodiques cheesy semblant directement sorties d’un disque de Lone ou d’un jeu vidéo rétro. Mais que les amateurs de sensations fortes se rassurent : les vrais bons bangers ne manquent pas, comme "Ecstatic Beat", complètement jungle dans son approche. Voilà un disque qui nous a vraiment fait du bien en 2019.

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#42

BRUTAL 2

Ikaz Boi

À moins de vous attarder sur les crédits de production du dernier album de Niska ou des différents projets d’Hamza, le nom d’Ikaz Boi ne vous dit probablement rien. Et pour cause, si les beatmakers sont de plus en plus visibles dans l’économie du rap francophone, le nom des producteurs n’apparaît pas encore de manière aussi significative qu’aux États-Unis. Si pour beaucoup le talent d’un artiste réside dans sa faculté à bien s’entourer, BRUTAL 2 tire ainsi sa force de sa capacité à bâtir une zone de confort pour chacun de ses intervenants. Le processus de travail de Ikaz Boi laisse libre cours à la créativité de son invité en évitant de trop aiguiller les placements d’artistes avec qui il collabore régulièrement. De quoi remettre les beatmakers sur la carte d’un rap francophone qui en a cruellement besoin.

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#41

Juice B Crypts

Battles

Désormais duo, Battles est comme feu Stephen Hawking : pas besoin de rajouter des membres pour que ça fonctionne. L’intelligence du projet et sa curiosité en font un foyer autour duquel les featurings se rassemblent dans une cohérence inouïe, et qui reste capable de garder toute sa noblesse en travaillant avec précision le concept de boucle. Alors plutôt que d’y voir l’album de trop pour Ian Williams et John Stanier, on trouve cela plus crédible d’y voir l’album d’une résurrection, certes pas encore tout à fait achevée, mais excitante comme un commencement.

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#40

From Somewhere Invisible

Oiseaux-Tempête

Se lancer dans l’écoute d’un album d’Oiseaux-Tempête, c’est ouvrir un carnet de voyage. Pas voyager, non : ouvrir un carnet de voyage. Qui brûle. Incandescent comme jamais, From Somewhere Invisible marie post-rock d’une rare intensité et expérimentation parfaitement contrôlée, alternant sans relâche attaques et moments de grâce au sein d’un univers qui n’avait jamais sonné aussi lourd, quasi opaque.

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#39

The Oracle

Angel Bat Dawid

Dans l’émulsion free jazz qui résonne depuis si longtemps à Chicago, l’expérimentation ne s’est ni cantonnée ni arrêtée à Sun Ra. Après une tumeur au cerveau et une entrée difficile dans le monde du travail, Angel Bat Dawid a tout balancé pour se consacrer à la musique. The Oracle est le premier album d’une artiste à l’esthétique résolument free, capable d’envoyer chier toute une tradition sauf celle qui consiste à être libre dans sa façon d’aborder la création. Enregistré en lo-fi, à l’iPhone, sans batterie ou presque, mélangeant des chœurs et la clarinette, ce disque est une respiration magnifique dans le jazz contemporain, un chef d’œuvre en puissance, parce que la musique de Dawid est aussi mélodique que libérée de la mélodie, aussi technique que créatrice, et aussi neuve que réconfortante.

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#38

Grapfruit Regret

Karenn

Ce qui séduit le plus sur Grapefruit Regret, c’est la capacité de Karenn à pondre un disque de techno qui en donne pour toutes les sensibilités, quand le duo ne joue pas la carte de la vulgarisation. Un pied dans les machines, l’autre dans la gueule d’un public désireux d’en découdre, Grapefruit Regret est un produit qui n’a pas vocation à changer une recette qui fonctionne à la perfection. Fidèle à l’éthique du duo et à ses performances barbares, ce premier album est digne d’être magnifié par un show son et lumière façon Chemical Brothers, histoire de déguster ce jus de bagarre loin des clubs, et un peu plus près des foules qui squattent chaque année le Pukkelpop ou We Love Green.

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#37

Apaches

Sameer Ahmad

Sameer Ahmad n’est pas qu’une paire d’oreilles : c’est aussi (et surtout) deux yeux bien usés par un amour du cinéma aussi profond que celui du rap – sinon plus encore. Des visionnages répétés de VHS de Coppola, De Palma et Leone, le rappeur de Montpellier a conservé ce découpage de textes façon storyboard, un sens certain de la mise en scène, mais aussi une mythologie qui hante les recoins de son imaginaire et la plupart de ses meilleures rimes. Si l’amour réciproque entre rap et cinéma n’est pas une nouveauté, c’est au croisement de ces deux passions qu’Ahmad brille, renouvelant sa formule à chaque nouveau disque. Ce qui ne bouge pas par contre, c’est cette plume fluide, référencée mais toujours dans le bon sens du terme, et alimentant sa propre mythologie.

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#36

Anima

Thom Yorke

Que reste-t-il de ce que peut proposer le coeur de Radiohead en 2019 ? Et bien de très bonnes choses. On retrouve sur Anima un peu de la B.O. de Suspiria, un peu de Tomorrow’s Modern Boxes aussi, mais également pleins de choses neuves qui font que Thom Yorke est définitivement un artiste en mouvement. Dans son travail de la voix, dans sa qualité de “poseur d’ambiance”, tout est réuni pour ne pas être déçu.

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#35

Finding Gabriel

Brad Meldhau

Tout le monde – nous y compris – pète un câble sur la vague anglaise depuis deux ans, mais il faut bien dire que le jazz n’a pas attendu 2017 pour exploser son horizon esthétique. Et dans ce contexte, Brad Mehldau a tout sauf d’un puriste. Au-delà de ses pianos solos et de son duo d’anthologie avec Joshua Redman, l’Américain est le genre de musicien capable de reprendre Radiohead, de pondre un disque hommage à Bach aussi bien qu’un chef-d’oeuvre de jazz électronique, comme l’a montré son duo avec Mark Guiliana, de retour sur cet album. Et dans le miracle de cette discographie dans laquelle il est difficile de s’y retrouver, voilà que le pianiste revient avec un album aussi synthétique qu’explosif. La classe, la vraie.

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#34

All Mirors

Angel Olsen

Cristallisant les peines de cœur qui ont suivi My Woman, ce nouvel album d’Angel Olsen, cathartique et introspectif, dévoile une artiste plus que jamais résiliente. En sortant de sa zone de confort, l’Américaine réussit un tour de force audacieux : produire une œuvre baroque, épique et suffisamment authentique pour que même les plus réfractaires au folk de ses anciennes productions puissent trouver leur compte dans ce magnifique condensé d'émotions extrêmement fortes.

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#33

Giant Swan

Giant Swan

S’il apparaît difficile de savoir quel impact le Brexit aura sur l’un des pays les plus créatifs de l’histoire de la musique, Giant Swan prouve que l’atmosphère suffocante qui règne outre-Manche n’a pas encore enrayé le processus créatif des sujets de sa Majesté et qu’à défaut de délivrer une lueur d’espoir, elle a définitivement trouvé sa bande-son : un son chaotique, agressif et hypnotique, entre techno et noise.

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#32

Fever

Megan Thee Stallion

Avec Fever, la tornade Megan Thee Stallion se positionne donc comme la nouvelle "Queen of the south", une Daenerys Targaryen de ce rap jeu qui n'a pas besoin de trois dragons pour tout cramer sur son passage. Personnage à la féminité débridée et à la sexualité bouillonnante, la Texane de 24 ans démontre qu'il ne faut pas avoir une bite dans le caleçon pour être le digne héritier de la Three 6 Mafia, de UGK et des Geto Boys.

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#31

Paradise

Hamza

Paradise répond mieux que n'importe quel autre de ses projets à la question "qui est Hamza ?". Raconter sa lumière et ses ténèbres, son Paradis et son Enfer, est sans nul doute la façon la plus évidente de s'assurer un fil rouge compréhensible de tous. Cette dualité d'une triste banalité peut être traitée de manière fascinante, à l'instar du Kanye West de 2007. Sans pour autant atteindre le brio du Yeezy de Graduation (parce que c'est impossible), Hamza parvient à densifier son univers, où Hennessy, bouffées de shit, pulsions meurtrières et filles faciles cohabitent avec une vision des relations humaines quasiment romantique.

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#30

BRUTAAL

Zwangere Guy

On n'aurait pas imaginé que le rappeur bruxellois allait terminer l'année 2019 en boulet de canon, en donnant un successeur à Wie Is Guy? même pas dix mois après sa sortie. Mais on aurait encore moins cru qu'il serait capable de faire aussi bien, voire mieux, avec BRUTAAL. Alors 2019 se terminera sur un disque qui, plus que tout ce qu'il a produit à ce jour, renvoie à ses influences passées et actuelles (on le savait très fan de Mobb Deep, on lui découvre ici une passion pour la clique Griselda) et à son sens de la famille total. Et si Wie Is Guy? était un disque joyeux malgré quelques titres portant les stigmates d'une jeunesse difficile, BRUTAAL laisse surtout parler le côté sombre de sa force, celle qui prend sa source dans le caniveau.

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#29

Cairn

Mizmor

Pensées comme une "exploration de l’absurdité de la vie", ces 57 minutes de black metal cathartique et cataclysmique sont une nouvelle fois l’occasion pour Mizmor de dégueuler sa bile à travers la quête d’un homme se demandant s’il doit accepter l’absurdité de l’existence ou simplement mettre fin à ses jours. Le programme n’est pas réjouissant, et la musique l’est encore moins, oscillant entre longues complaintes agonisantes et cavalcades furieuses dont la seule issue semble être le gouffre duquel on finira bien par se jeter, avec à chaque fois des renvois plus ou moins discrets aux influences doom d’un Mizmor qui semble avoir autant sa place dans notre monde que JuL au Hellfest. Expérimental, exigeant, mais surtout essentiel.

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#28

Zandoli

Charlotte Adigéry

Épaulée par un fidèle de la maison DEEWEE (Bolis Pupul) tout acquis à sa cause, Charlotte Adigéry brille sur un EP qui nous rappelle la démarche de son compatriote Baloji l'année dernière sur 137 Avenue Kaniama : il y a dans cette manière de déterrer ses racines caribéennes une volonté de respect et une absence d'opportunisme qu'on se doit de saluer. Là où c'est le rap qui était dans l'ADN de Baloji, c'est le r&b et la musique électronique qui guident le métissage de la paire Adigéry / Pupul pour un résultat qui, quand il ne revendique pas sa singularité, renvoie à l'élégance intemporelle d'une Robyn.

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#27

Birth of Violence

Chelsea Wolfe

Oubliez les arrangements métalliques qui enrobaient Abyss et Hiss Spun. C’est accompagnée de sa guitare acoustique que Chelsea Wolfe terrasse aujourd’hui sa timidité maladive. Birth of Violence alterne entre chansons sombres toutes en retenue et incursions décidées dans des univers plus sophistiqués pour s’achever sur une minute de bruits d’orage, comme pour nous rappeler que le soleil et la lumière du jour n’ont toujours pas leur place dans la discographie de celle qui est adulée des metalheads les plus extrêmes que compte la planète.

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#26

Jaime

Brittany Howard

La chanteuse d’Alabama Shakes a eu une vie plutôt merdique. Est-ce suffisant pour avoir de quoi raconter sur un disque entier ? Honnêtement, Howard se fout de notre pitié et ne saurait d’ailleurs pas quoi en faire. S’il a toujours traversé ses textes d’une manière ou d’une autre, son passé constitue la chair de son premier album solo, créant ainsi l’occasion d’en explorer toutes les aspérités, sans rancoeur et selon ses propres termes. Jaime est une opération minutieuse qui implique de retirer les aiguilles une à une et de laisser filtrer la lumière à travers la passoire. Un petit miracle d’alchimie qui consiste à transformer la merde en or.

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#25

All My Heroes Are Cornballs

JPEGMAFIA

Pas simple de revenir d’une année sur l’autre après un disque aussi fou que celui de l’an passé. Condamné à devoir re-choquer en 2019, le phénomène JPEGMAFIA aurait pu être confronté à son propre succès et quitter lentement la face alternative du hip-hop. Sur All My Heroes Are Cornball, il n’en est rien. Malgré un deuxième album en deux ans et des dizaines de concerts survitaminés dans le monde entier, Barrington Hendricks s’est permis le culot de pondre un album peut-être moins étonnant, mais riche et très différent du précédent. Plutôt que d’y voir un album de la consécration, après lequel il pourra se reposer, connaissant le bonhomme, il vaut mieux y voir l’horizon d’une nouvelle surprise à venir.

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#24

I

Föllakzoid

Elle est loin l’époque où il était encore tentant de réduire Föllakzoid au statut de succursale latino-américaine du revival space rock. Désormais resserré dans un format duo, le groupe chilien explore de nouveaux territoires, quelque part entre kraut rock spatial, electro minimaliste et montées en régime qui emmènent aux frontières de la house. Le résultat? Une musique totale, une heure de transe absolue.

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#23

Serfs Up

Fat White Family

Oui, Serfs Up! est un album de pop. De la pure à 98%, à peine coupée à la cendre de clope roulée. Vous exigiez de l’ampli en fusion, des refrains crasseux, des traces de vomi et des fesses à l’air ? Vous aurez droit à de la flûte, des violons, de la boîte à rythmes, des chœurs vaguement grégoriens et même une percée d’auto-tune. Pourtant, aucun de leurs partis pris, aussi incongrus et divers qu’ils puissent sonner, ne fragilise la cohérence du projet. Serfs Up! ne tourne pas le dos à ses prédécesseurs, il se donne juste les moyens d’explorer ce que le groupe a probablement toujours planqué dans un recoin de sa tête.

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#22

Fly or Die II

Jaimie Branch

Grande architecte du chaos, qu'elle utilise en permanence à son avantage, Jaimie Branch échafaude de fragiles cathédrales, avance ses pions sans jamais dévoiler son jeu, fuyant comme la peste les structures pré-établies. Il ressort de cette approche héritée de son amour pour le free jazz et les musiques expérimentales un disque désarçonnant, éprouvant parfois aussi, et qui déploie ses charmes avec la prévisibilité d'un bulletin météo à 15 jours. Peut-être la plus belle réussite du label International Anthem en 2019. Pourtant, avec des sorties de Resavoir, Angel Bat Dawid,ou le Damon Locks Black Monument Ensemble, il y avait de la concurrence chez le label le plus passionnant du jazz actuellement.

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#21

Offworld

Special Request

Paul Woolford aura presque réussi son pari fou : pondre quatre albums en un an. Il s'est arrête à trois, le dernier devant arriver très prochainement. Plus fou encore, ceux-ci combinent variété et qualité, explorant toutes les facettes d’un producteur fondu de culture rave, de drum’n’bass, d’IDM et de techno. Mais parce qu’il a bien fallu en choisir un pour ce classement de fin d’année, ce sera Offworld, parce qu’il fait partie de ces disques capables de nous faire clubber avec une larmichette au coin de l'œil, avec ses claviers façon Mike Paradinas, ses lignes de basses qui font immanquablement remuer les guiboles, ses phases ravey, et ses montées qui semblent ne jamais vouloir s'arrêter. Une fusion plus dangereuse que le mariage Bayer-Monsanto.

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#20

Nothing Great About Britain

Slowthai

Rempli de tubes et propulsé par une énergie dingue, le premier album du new kid on the block Slowthai s’est imposé au fil des écoutes comme l'objet le plus important sorti par un rappeur anglais depuis le Konnichiwa de Skepta – et le fait que ce dernier honore Nothing Great About Britain de sa présence sur « Inglorious » ressemble autant à un adoubement en bonne et due forme qu'à une reconnaissance implicite de la menace que représente un morveux surexcité de Northampton pour le daron de Tottenham.

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#19

Deux Frères

PNL

On l’attendait avec un peu d’appréhension après un Dans La Légende moins bon que les deux précédents, mais on aurait dû faire confiance aux frangins de l’Essonne : Deux Frères est une vraie bombe. Toujours plus proche d’eux-mêmes, et toujours plus loin du reste du paysage du rap francophone, PNL a fait parler tout le spectre d’un talent qui ne pourra pas éviter les mémoires. Une partie de l’opinion en faisait les portes-parole d’un hip-hop vulgaire et désincarné ; plus les années passent, plus leur tort les fait apparaître comme ridicules. A la fin d’une décennie dont PNL aura été un des temps forts en France, une question brûle les lèvres : est-ce leur dernier disque ? Pour l’instant, la seule chose qu’on puisse dire, c’est que si Tariq et Nabil annonçaient leur retraite, ils partiraient avec bien plus que les honneurs.

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#18

Zones

Enablers

Il existe une frontière aussi injuste qu’invisible qui sépare l’underground et la hype. Dans ce monde dualisé, Enablers restera éternellement ce groupe brillant qui ddoitevra se contenter d’un succès d’estime, celui qui flatte l'égo mais ne paie pas les factures. Zones est pourtant un chef-d’œuvre. Le groupe y met sa maîtrise technique au service de compositions plus directes et moins alambiquées que par le passé. Plus nerveux que ses prédécesseurs, l’album condense en moins de 40 minutes la crème d’un répertoire qui puise ses racines dans le noise, le punk, le free jazz, le post-rock et bien la poésie beat.

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#17

The Book of Traps and Lessons

Kate Tempest

Il est difficile de classer The Book of Traps and Lessons dans la catégorie rap – en même temps, Kate Tempest y a-t-elle jamais figuré? Pourtant, avec trois albums impeccables à son actif et une maîtrise du spoken word qui force le respect, l’artiste propose une esthétique et un discours qu’elle semble un peu trop seule à porter. Mais dans un contexte où le rap a plus que jamais beaucoup de choses à dire sur le monde qui l’entoure mais n’ose pas, ou n’a simplement pas envie de le faire, on ne peut que déplorer le fait que Kate Tempest boxe un peu trop seule dans sa catégorie.

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#16

The Talkies

Girl Band

Quatre ans. C’est le temps qu’il a fallu à Dara Kiely, chanteur de Girl Band, pour toucher le fond de la piscine, et remonter lentement à la surface. Quelque part, The Talkies donne l’impression d’être la conversion sonore des litres d’eau sale régurgitées en bord de bassin après la frayeur de la noyade. Avec ce deuxième album qui lutte frontalement contre ses démons, le groupe de post-punk à tendance noise danse dans le ventre d’une bétonneuse pendant 45 minutes où les hurlements de Kiely vacillent entre les appels à l’aide et la délivrance tant espérée. Un splendide coup de pied au cul.

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#15

Trust in the Lifeforce of the Deep Mystery

The Comet Is Coming

2019 aura été l’année où on est - heureusement - sorti de la vague uk jazz. Pourquoi heureusement ? Parce que maintenant que le gros est passé, on va pouvoir récolter les pépites. Ne laissez pas dire que Trust In The Lifeforce Of The Deep Mistery est le disque d'un groupe qui s'accomplit dans les tournées de festivals et ne fait qu’injecter un peu d'afrobeat dans le jazz anglais, car on ne pourrait pas être plus avancé dans l'erreur. Bordel, The Comet Is Coming a pondu un petit bijou cette année. Entre ce disque novateur, prenant, riche, très actuel, et son petit frère The Afterlife sorti quelques mois après, c’est tout un univers que le groupe de Shabaka Hutchings s’est proposé de décrire.

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#14

Uknowwhatimsayin

Danny Brown

En mettant au placard son costume de clown triste du rap américain, Danny Brown semble être là où il veut être, et démontre qu'il vit bien "sa meilleure vie", comme il le claironne sur l’un des meilleurs singles de uknowwhatimsaying¿. Alors oui, on ne tient pas là l'album le plus marquant de sa discographie, mais c'est un vrai disque de daron : lumineux, subtilement produit, et poussé vers le sommet par un casting élégant.

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#13

Charli

Charli XCX

En levant quelque peu le pied sur les performances autotunées et les furieuses pétarades qui caractérisaient Pop 2, Charli XCX retrouve avec ce troisième album le côté plus accessible et instantané de ses débuts tout en conservant le côté « laboratoire du kiff » issu de ses projets plus expérimentaux. Si la scène hyperpop se cherchait une marraine, elle l’a bien trouvée sur cet album qui confirme le talent de l’Anglaise et sa capacité à mettre à l’aise ses invités malgré un terrain pas toujours simple à appréhender. Quant à la clique PC Music, elle ne trouvera jamais plus sexationnelle muse.

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#12

Radio Suicide

Makala

Makala n'est certainement pas le rappeur au plus gros compte en banque, mais une chose semble évidente à l'écoute de l'album : personne ne s'amuse autant que lui dans un studio. Dans Radio Suicide, le genevois est un acteur, une superstar, un type tellement frais qu'une mannequin qu'il a kidnappé se retrouve ravie de sa situation. Dans Radio Suicide, il capable d'egotrips monstrueux comme d'introspections certes peu nombreuses mais, de ce fait, d'autant plus précieuses. Le couteau suisse, le seul, le vrai.

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#11

A Dawn To Fear

Cult Of Luna

Passages instrumentaux, changements rythmiques, beuglantes vocales… En 79 minutes, Cult Of Luna développe un langage post-metal dont il a une maîtrise totale. C’est dense, texturé et si le résultat paraît légèrement moins ambitieux qu’à l’accoutumée, il n’en reste pas moins extrêmement efficace. On pourrait penser que le groupe suédois ne se réinvente pas, mais ce serait une erreur. Cult Of Luna sonne effectivement toujours comme Cult Of Luna, mais en plus massif, en plus abouti, en plus complexe. Immense braquemart pour un genre musical qui bandait mou ces dernières années.

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#10

Leaving Meaning

Swans

Stupéfiant par la retenue qu'il impose tout au long d'un voyage qui multiplie le grilles de lectures, on pourrait largement voir en leaving meaning. un western de fin du monde tant tout y paraît éteint, bouclant cet opéra sur le schizophrénique "My phantom limb" qui semble rappeler que le Swans des débuts n'est jamais trop loin de ce paysage mortuaire. Pourtant, au beau milieu du vide, il y a l'inhabituel optimisme de Gira, magistral, qui porte la musique de sa troupe au-delà des étoiles dans un voyage passionnant et personnel, façon Solaris ou Interstellar.

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#9

Confessions

Katerine

Qui, il y a quinze ans, aurait pu imaginer que Philippe Katerine serait destiné à une telle carrière ? Qui pouvait deviner que cet hurluberlu, légèrement underground et complètement dadaïste, qui poussait des chansonnettes à mi-chemin entre Serge Gainsbourg et Boby Lapointe, pourrait un jour se balader en slip dans un éventail esthétique aussi large tout en conservant une identité aussi forte ? Pas nous, clairement. On aimait le personnage, on lui reconnaissait un certain talent, mais le virage hip-hop qu’il a amorcé en 2018 et 2019 fait un bien fou à la chanson et au rap. Pas pour expliquer que le rap, c’est de la chanson du 21e siècle, comme le font certaines analyses réductrices, mais bien pour faire exister les deux genres à part. Avec Confessions, Katerine est devenu ce pont ironique et lumineux. Chapeau.

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#8

When we all fall asleep where do we go ?

Billie Eilish

Il y a un peu plus de onze mois, on vous annonçait que Billie Eilish allait rouler sur 2019. Et comme tout bon Goûte Mon Nostradamus qu’on est, on ne s’est pas plantés sur la prophétie. Vous nous direz que rouler sur la pop ne fait pas nécessairement sortir de bons disques : et bien cela ne se confirme clairement pas pour Billie Eilish. La musicienne originaire de Los Angeles vient d’avoir 18 ans, et fait déjà fermer le clapet ceux et celles qui disent que la pop adolescente, c’était mieux avant. When do we fall asleep where do we go ? est un disque sombre et riche, qui joue sur les codes du punk californien sans jamais jouer la facilité du revival. Ce qu’on lui souhaite pour 2020 ? Qu’elle puisse continuer sa carrière tranquillement, sans trop souffrir de sa popularité et sans avoir à tordre son talent pour les majors.

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#7

Dogrel

Fontaines DC

Cette belle place dans le classement, on souhaite l’attribuer autant au groupe irlandais qu’à leur producteur. En effet, Dan Carey est peut-être l’homme de l’ombre le plus important de 2019, lui qu’on a retrouvé aux manettes des albums de black midi, Kate Tempest, Squid ou Warmduscher, et qui a confirmé également le statut de plus bel incubateur du rock anglais avec son label Speedy Wunderground. Bref, si le post-punk a autant le vent en poupe en 2019, c’est en grande partie grâce à lui et sa capacité à tirer le meilleur des artistes qu’il choisit de prendre sous son aile. Quant à Dogrel, il enchaîne les titres qui sonnent au pire comme des singles accidentels, au mieux comme des classiques instantanés. Sans doute parce que la base semble familière (merci monsieur Curtis, merci monsieur Doherty, merci aussi messieurs Smith, Robert et Mark E.). Peut-être aussi parce qu’un bon refrain pop dégage toujours cet air de déjà entendu.

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#6

Duistre Kamers

De Ambassade

Bonne nouvelle pour les gens qui ont en horreur les choses inclassables : De Ambassade n’a qu’une seule et unique obsession, la synthwave, et de préférence bien cafardeuse. Si comme nous vous n’aviez pas résisté au charme poisseux et suranné de « Geen Genade », le plaisir sera total sur un Duistre Kamers qui réussit le petit exploit de reproduit l’idiosyncrasie des premiers émois sur la totalité d’un album sans jamais ne serait-ce que caresser le sentiment de redite, et cela grâce à un jeu permanent sur les cadences, les textures et les ambiances. Entendons-nous bien : la zone de confort définie par Pascal Pinkert est assez restreinte, et la rigueur avec laquelle il se tient à sa feuille de route initiale est remarquable, mais jamais le disque ne lasse ou ne se complait dans le passéisme bidon, probablement parce qu’il n’est composé que de titres extrêmement efficaces, qui activent toutes les bonnes connexions neuronales - celles qui donnent envie de dodeliner de la tête, et celles qui ne donnent pas envie de ressortir toute la discographie de D.A.F. histoire d'oublier pour toujours un minable plagiat.

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#5

Weeping Choir

Full Of Hell

Une époque aussi extrême que la la nôtre mérite des disques qui le sont tout autant. Sur Weeping Choir, première livraison pour la référence Relapse Records, Full Of Hell redéfinit à nouveau la notion de l’enfer en balançant un vortex sonore de 25 minutes, situé quelque part entre grindcore, death metal, noise, hardcore et powerviolence. Sur Weeping Choir, les quatre sinistres drilles semblent être exactement où ils devraient être, pulvérisant tous nos repères liés à la musique extrême. Le fait que cet album sorte à l’aube des 10 ans de la formation est également un signe qui ne trompe pas. Il est une déclaration d’intention de ce vers quoi Full Of Hell s’oriente : un son dense, nihiliste et toujours plus efficace. Si les Américains continuent de sortir leur meilleur album tous les deux ans, il y a de quoi s’inquiéter sérieusement pour la concurrence.

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#4

ZUU

Denzel Curry

Dans ce top, vous trouverez très peu de disques de rap américain. Pourquoi ? Parce qu'à de rares exceptions près, le rap US nous a royalement fait chier cette année. Et l’intérêt qu’on portait sur des disques comme ceux de Kendrick Lamar s’est reporté sur des artistes comme JPEGMAFIA. Très honnêtement, on a la conviction que des artistes capables de faire bouger les lignes et de marquer de leur empreinte une année musicale, on en a entendus peu ces douze derniers mois. Alors que les gros bonnets des années 2000 sont partis ou tendent à disparaître, et que les autres se reposent sur une popularité démentielle du genre pour ne pas avoir à se renouveler, Denzel Curry a su nous titiller là où ça faisait le plus de bien, avec cette énergie et cette fraîcheur qui en font l'un des artistes les plus importants du genre actuellement.

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#3

Bandiera Di Carta

Tomaga & Pierre Bastien

Avec les années, le duo britannique Tomaga est en train de devenir une incroyable machine de la musique expérimentale des années 2010 et, on en est certain, 2020. Quelques jours après la sortie de notre papier, le Français Pierre Bastien lui-même nous écrivait : « Merci d'avoir lu en nous aussi clairement et d'avoir transmis cela à vos lecteurs ». Si cela a été possible, c’est que ce disque, on en est tout bonnement tombés amoureux. Dans plusieurs années, s’il ne reste pas dans les mémoires comme un album classique qu’il faut garder près de soi, alors on ose le dire : ce sera une erreur. Tout dans cette collaboration fait sens. Et si les albums partagés sont souvent pour les artistes une façon de « faire autre chose », ici, il s’agit bien de plonger au cœur de ce qu’on décèle être l’âme d’un groupe devenu majeur.

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#2

IGOR

Tyler, The Creator

Vu sa place dans le classement, autant ne pas y aller par quatre chemins : IGOR est un immense disque, peut-être le premier qui voit Tyler, The Creator prendre réellement le contrôle sur les millions de choses qui lui passent par la tête ; des plus belles aux plus glauques – car évidemment, c’est dans cet équilibre instable entre ombre et lumière que le mythe s’épanouit, que la légende prend forme. Par son relief sérieusement accidenté, par la variété d’émotions qu’il convoque, par la sincérité absolue de son géniteur et par l’audace permanente qu’il affiche, IGOR confirme ce que d’aucuns avançaient déjà avec certitude lorsque la Californien a déboulé dans nos timelines : ce type est tout génial.

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#1

La Vallée Étroite

Balladur

On ne sait pas qui vous attendiez au sommet de notre classement, mais on va vous faire une confidence : nous, on s’en foutait un peu. Pourtant il a bien fallu choisir et rarement un disque aura si rapidement fait l'unanimité. Ce disque, c’est La Vallée Étroite de Balladur. En 2019, le duo de Villeurbanne est sorti de sa cold-wave de confort pour proposer l’album le plus étonnant et le plus pertinent qu’on ait jamais entendu sur Le Turc Mécanique. Désignant la Valle Stretta, symbole de la douleur des migrants qui tentent de faire la route de l’Italie vers la France, ce disque est celui de tous les chemins obliques. Jamais là où on l’attend, La Vallée Étroite a su venir conclure cette décennie loin de tout ce qu’on aurait pu imaginer. C’est certain que l’album de Balladur ne synthétise pas les années 2010, et pourtant, en un sens, c’est une œuvre qui nous a paru plus actuelle que les autres. C’est rock sans vraiment l'être, c'est expérimental sans jamais sombrer dans l'insondable, c’est d'une richesse incroyable, ça transpire la sincérité par tous les pores, et on peut y revenir sans cesse sans jamais souffrir de la répétition. Bref, La Vallée Étroite est tout ce que l'on cherche dans un objet musical et à sa manière, le disque nous aura ressemblé comme peu d'autres ces 12 derniers mois.

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