Dossier

Les meilleurs crus 2009 (albums)

par Tibo, le 21 décembre 2009

Nous y sommes. Le sapin est décoré, les guirlandes installées. Il ne reste plus que deux trois bricoles à terminer, par exemple le bilan de ce qu'on a savouré de meilleur en 2009. Et comme à chaque cuvée, ces douze mois nous auront confrontés à toute une palette d'émotions vives, de la franche déception à l'agréable confirmation, de la colère la plus certaine au bonheur le plus naïf. Mais nous avons patiemment réussi à isoler cinquante disques, nous avons fait notre cuisine pour vous concocter un menu grand chef, avec des saveurs de tous horizons et des plats pour tous les palais. Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, vous êtes servis !

  • 50.Elvis Perkins In DearlandElvis Perkins In Dearland

    Ash Wednesday nous dévoilait en toute retenue et sans pathos écœurant l'âme tourmentée d'un Elvis Perkins que la vie n'a pas épargné (pour rappel, un père mort du SIDA et une mère dont l'avion s'est écrasé dans le WTC le 11 septembre 2001). Sur Elvis Perkins In Dearland, on retrouve un homme qui semble avoir fait son deuil mais n'a pas ou plus besoin de ce désespoir pour composer. You are worth your weight in gold, You are worth your weight in sorrow" nous dit l'homme sur "Shampoo". Il ne croit pas si bien dire: les artistes de cette valeur, capable de parer la tristesse de si beaux apparats, ne sont pas légion. De l'or en barre ce disque. 

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  • 49.RigningYagya

    Derrière le pseudo de Yagya se cache Aðalsteinn Guðmundsson qui, comme vous pouvez dorénavant vous en douter, est islandais. Nous pourrions vous parler de son travail avec les termes d'un spécialiste, en évoquant son label – Sending Orbs – ou la position qu'il occupe dans la scène dub-techno. Mais nous préférons ici la clarté des images : Yagya, plus encore que Sigur Rós, donne à voir l'Islande dont nous rêvons. Rigning (pluie) est un disque atmosphérique et vagabond où les nuages ambient enveloppent une peinture des plus naturalistes : écoulements d'eau, impressions mousseuses, vent d'ouest qui sèche la figure. C'est une musique climatique, sans points de repères, dans laquelle il est facile et délicieux de se perdre. Yagya fait en nous la pluie et le beau temps ; notre indice de confiance est au maximum.

  • 48.Wild Young HeartsNoisettes

    Sans être sortis de nulle part, on ne peut pas dire que les Noisettes étaient le groupe le plus attendu de l'année. Pourtant, ce deuxième album de la formation anglaise est une sacrée sensation. Loin de se reposer sur les lauriers tressés lors de la sortie du décoiffant "What's The Time Mr. Wolf?", la bande à Shingai Shoniwa a su se remettre en question et approfondir sa musique. Leur tour de force aura été d'avoir su renforcer l'aspect très Rock et rythmé du groupe tout en se permettant de laisser une petite place à des ballades Soul plutôt chouettes. Au final, l'ensemble est réussi et jubilatoire.

  • 47.Part The SecondMaudlin The Well

    Au sein de Kayo Dot et de ses essais solos, Toby Driver repousse sans cesse les limites de ses expérimentations, s'approchant de plus en plus d'une musique totalement abstraite et atonale. Qu'on trouve ce processus génial ou abscons, on peut dans tous les cas repenser avec nostalgie à cette époque pas si lointaine où Driver composait de réelles mélodies. Peut-être a-t-il pensé à tous les cafardeux comme nous en mettant gratuitement sur son site Part The Second, un recueil de démos de son premier projet Maudlin Of The Well réenregistrées pour l'occasion. Si cette sortie est présentée comme un détail discographique, elle a pourtant tous les attributs d'un album indispensable. Sorte de relecture fantasmée de King Crimson, Part The Second est un disque au lyrisme exigeant, aux confins de la musique contemporaine, du post-rock et du rock d'avant-garde. Si l'ensemble paraît dur à digérer, il n'en est pas moins d'un romantisme noir qui ne demande qu'à s'épanouir.

  • 46.We Hear Voices!The Fitzcarraldo Sessions

    On ne donnait pas cher des musiciens de Jack The Ripper après le départ (définitif ?) de leur chanteur, parti vers d’autres aventures en 2006. Après 3 albums impeccables, les rejetons français de Nick Cave n’ont pourtant pas baissé les bras et ont débauché 11 artistes pour leur nouvelle odyssée musicale – et pas des moindres : Stuart Staples (Tindersticks), Dominique A, Syd Matters, Joey Burns (Calexico), Moriarty, Paul Carter (Flotation Toy Warning), Craig Walker (Archive)… Un casting de rêve pour une aventure collective et cosmopolite qui donne irrésistiblement envie de s’ouvrir aux autres. Véritablement thérapeutique par les temps qui courent…

  • 45.La classe de musiqueLe Klub des 7

    Clairement, les membres de ce Klub semblent vraiment s'amuser à faire des bêtises. Chacun de ces artistes, pourtant reconnus, se met au diapason du collectif pour proposer au final un album solide. Convaincant sur le fond et la forme, La Classe de Musique est un album réjouissant. Il permet de recentrer certains artistes un peu oubliés ces derniers mois (Fuzz, Gerard, Delleck, Le Jouage...) et, par extension, toute une frange du hip hop français (le fameux rap alternatif) que les médias ont tort de négliger.

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  • 44.Feel The LoveFuckpony

    Ceux qui connaissent déjà les productions de Jay Haze (dans le cas contraire, il est toujours temps de se jeter sur son excellent mix pour la série Fabric) ne seront pas étonnés à l’écoute de ce Let The Love Flow car tous les éléments de la musique du Pennsylvanien se retrouve sensiblement dans cette nouvelle livraison : rythmique faussement nerveuse, science aboutie du clavier et chaleur sexuelle éprouvée. On tient donc là un hommage recomposé aux grandes heures de la house de New-York et Chicago. Mais vingt-et-unième siècle oblige, la musique de Jay Haze est un bel exemple d’effort postmoderne, sans doute est-ce dû aux rapprochements évidents avec la ville de Berlin, haut lieu de toutes les ardeurs électroniques. On ne sera donc pas surpris d’y croiser quelques alliages technoïdes ou l’une ou l’autre tentation minimale. Mais quoi qu’il en soit, Let The Love Flow reste le bastion d’un son chaleureux, amoureux : soul en somme.

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  • 43.Speech TherapySpeech Debelle

    On retrouve ici des thèmes qui usent de vannes assassines comme pour mieux échapper à une réalité pesante, on savoure une fois de plus cette démarche tragi-comique qui se ballade entre le rire et les larmes. Pas de formalisme outrancier, Speech Therapy est un disque mature qui tape juste sans devoir pour cela déplacer des montagnes de fastes sonores : une batterie, une guitare, un piano, une contrebasse et un flow, tout est dit.

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  • 42.Fabric 45Omar S - Detroit

    The music on this CD is fully 100% analog - NO COMPUTER BULLSHIT PROGRAMS ! Voilà une déclaration qui a le mérite d’être claire pour le coup. Et c’est parti pour un peu plus d’une heure de techno légèrement teintée de rythmiques house, bien conscient que tout cet étalage de formules provocatrices a rendu la chronique encore plus acérée qu’elle ne pouvait déjà l’être au départ. Mais il faut dès maintenant avouer que tout cela en valait la peine, avouer que cette sélection est l’une des meilleures qu’il nous ait été donné d’entendre cette année. Tout ici est symptomatique d’une grande musique techno, de la justesse des claviers jusqu’au calage du beat.

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  • 41.Yesterday and TodayThe Field

    Une fois le premier album sacré comme l’un des disques de l’année, il fallait pour Axel Willner trouver une combine pour perpétuer le mythe de The Field d’une aussi belle manière qu’il avait su le faire autrefois. Sans détour, Yesterday And Today est définitivement ce que l’on pouvait attendre en tant que suite d’un monument inaltérable. Certains troufions vous vendront ce nouvel opus comme un exemple fainéant d’un talent qui s’embourbe dans les fanges de la paresse à consommer, mais il reste que Yesterday And Today est essai de plus pour le Suédois sur la joie d’être libre, sur l’humeur grivoise d’être inspiré. Qui aurait pu troubler un concept musical fait pour durer cent ans (rappelez vous ces boucles infinies mises les unes derrières les autres, ce pied de nez formidable à son mode conception binaire) ? Qui aurait eu cette maturité de risquer l’introduction d’un bassiste ou d’un batteur (en la présence inestimable de John Stanier) pour terminer dès son deuxième album sur des tornades funk minimales ? Qui finalement aurait osé faire tout ce qui précède en gardant un kick techno inaltérable et des ambiances pop-trancey si bien assumées ?

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