Dossier

Goûte Mes Mix #35 : Ruby My Dear

par Jeff, le 11 mars 2014

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Tracklist

  1. Ruby My Dear - Oct Chrystal (Ad Noiseam)
  2. Ruby My Dear - Jitter Room (Ad Noiseam)
  3. Fausten - Punishment (Ad Noiseam)
  4. Ruby My Dear - Shee (Blue Sub Records)
  5. Ruby My Dear - Stax (Ad Noiseam)
  6. Igorrr - Absolute Psalm (Ad Noiseam)
  7. Oyaarss - Parejošs kaut kas (Ad Noiseam)
  8. Ruby My Dear - AL Stro.bel (Peace Off)
  9. Ruby My Dear - Chazz (Ad Noiseam)
  10. Digital Velvet - Steady (Acroplane)
  11. Digital Velvet - Lidocaine (Bedroom Research)
  12. Amon Tobin - Kitchen Sink (Ninja Tune)
  13. Ruby My Dear - Spleen (Ad Noiseam)

Ce n’est pas la première fois que l’on recrute un artiste du label Ad Noiseam pour alimenter notre série Goûte Mes Mix (souvenez-vous de l’impeccable sélection de Raoul Sinier), et pourtant, le constat semble bien maigre à ce stade. Parce que si on s’écoutait vraiment, on les prendrait tous, dans leur diversité et leur cohérence dans le petit monde de l’IDM qui frappe. Toujours est-il que l’actualité est bien faite, et que nous sommes extrêmement heureux de pouvoir un peu mieux présenter le travail acharné de Julien Chastagnol, que beaucoup connaissent sous l’entité Ruby My Dear. On chroniquait tout récemment le magnifique Form, deuxième album du producteur français, qui montrait surtout un Ruby My Dear apaisé, délaissant le « tout-breakcore » pour former un hybride délicat fait d’electronica mélodique et de fulgurances rythmiques. Constat difficile à contourner, et confirmé par le producteur lui-même : « J'ai essayé de proposer quelque chose de différent au premier album. J'ai envie de surprendre, de tenter de nouvelles choses à mon petit niveau. Le but n'est pas de refaire le même genre d'album tous les ans. Je suis allé sur des tempos que je n'avais jamais réellement explorés tout en donnant une grande importance au travail des textures et mélodies. »

Ce qui ne l’empêche pas de garder au fond de sa sacoche une vigueur toute électrique, faite de breaks sauvages, d’allumages de mèche inattendus et de grandiloquence percussive. Pas de revirement total donc (la preuve avec le Ginkgo EP, déterré récemment et offert en téléchargement libre pour un temps trop court), notre Français demeure encore et toujours une machine à transgresser les codes du breakcore, cherchant toujours la troisième voie entre le mimétisme puritain et l’appartenance tenace à un mouvement qui ne demande qu’à être dynamisé : « D'une certaine façon, je serai toujours lié à cette scène parce que j'ai commencé par ça, mais j'ai envie de toucher à d'autres styles en tentant de nouvelles choses sur mes futurs albums. Appartenir à une petite niche, c'est aussi retrouver la même fine équipe en soirée, et ça c'est plutôt pas mal. Puis il y a des artistes qui font vraiment bouger le genre, comme Igorrr. D'ailleurs on travaille ensemble sur un EP (ou un album) on tente des trucs, c'est intéressant. » Ruby My Dear + Igorrr, on prend les yeux fermés.

Nous voilà donc avec cette sélection (qui s’esquisse comme une des meilleures de la série, en toute partialité) qui met en avant un artiste singulier, plein de ressources, à l’image de cette heure pleine de breaks, de couleurs, d’electronica et d’aventure. Un produit iconoclaste et furieusement dynamique que nous sommes extrêmement fiers, une fois de plus, de vous présenter. Un exemple de ce que la musique devrait toujours être: du talent par camions, de l’engagement et une obsession à refuser le statisme : « Je suis résistant, oui, parce que je me sens plus proche d'un style dont l'âge d'or est passé depuis dix ans avec Aphex Twin, Squarepusher, Venetian Snare. Résistant aussi parce qu'avec quelques producteurs, on est à la fois dans le respect d'un héritage et l'envie de le renouveler… » Une musique de résistants, clairement.