Who Will Look After The Dogs?
PUP

Sauf peut-être à parler de l’entre-deux guerres, l’entre-deux est rarement une position confortable, et certainement pas une position que l’on peut tenir éternellement. Il faut pourtant croire que les Canadiens de PUP ont trouvé la parade, eux qui errent entre deux univers, deux communautés, deux ambiances, depuis une dizaine d’années maintenant.
Le problème du groupe canadien pourrait se résumer comme suit : il est punk, mais pas assez pour être validé par le public qui louvoie habituellement dans les fosses humides de l’Ieperfest ou de l’Outbreak ; il est pop, mais pas assez mélodique ou Weezer-esque pour faire saliver les quarantenaires en mal de sensations. En ce sens, ce positionnement rappelle parfois celui d’un autre groupe qui, comme PUP, n’aura pas eu la reconnaissance qu’il méritait dans les années 2000: The Thermals.
Mais parce que réussir une mue est une entreprise risquée, et parce que PUP aime peut-être tout simplement trop sa formule pour envisager de l’altérer, Who Will Look After The Dogs? reproduit les mêmes schémas que ceux déjà observés sur ses quatre précédents albums, qui valent tous d’être écoutés si vous êtes à la recherche d’une musique bien faite, mais qui n’a aucune intention de se prendre au sérieux – logique pour un groupe dont les initiales signifient en fait « Pathetic Use of Potential », en référence à des propos tenus par la grand-mère du chanteur et guitariste Stefan Babcock au sujet de la voie choisie par son petit-fils.
Dès l’inaugural (et extatique) « No Hope », on comprend alors que c’est reparti pour un tour : le cardiofréquencemètre va squatter le rouge pendant 35 minutes, ça va cumuler les décibels et ça va penser sa musique pour produire ses effets dans la milliseconde qui suit son voyage dans les conduits auditifs. Alors oui, des éclairs de maturité vont parcourir le disque, souvent au détour d’un pont cathartique ou d’un refrain qui donne envie de se péter les cordes vocales (quand on a pas les deux en même temps comme sur l'imparable « Concrete »). Mais dans l’ensemble, le coup de jeune est réel avec cette musique qui donne dans le ‘no bullshit’ assumé et totalement maîtrisé, malgré son incapacité à son choisir son camp. Qui a dit que choisir c'était renoncer?