Valtari

Sigur Rós

EMI – 2012
par Laurent, le 11 juillet 2012
7

Qui aurait pu parier il y a maintenant presque vingt ans qu’un groupe islandais chantant en islandais deviendrait un des grands noms de la musique indé? Personne. Et quand on y pense, ce que Jónsi et son falsetto ont accompli est vraiment extraordinaire. Pour faire court, Sigur Rós est aujourd'hui le meilleur exemple de l’universalité de la musique, sans frontières ni barrières culturelles. L'escapade en solitaire de leur leader terminée, les Islandais sortent donc un sixième album peu après un double live sous forme de best of (ou le contraire on ne sait trop).

Premier constat: Valtari est clairement leur album le plus aérien (lisez: qui comporte le moins de percussions et d’envolées lorgnant vers le rock). A tel point que celui qui découvre le groupe via cet album pourrait, exception faite de "Varud", penser qu’il s’agit d’une formation mi-classique, mi-musiques du monde. Du coup, même si on reste attaché à l'entité SigurRós, même si on lui reconnaît un talent certain, même si on est heureux de la retrouver, on ne peut dissimuler une certaine déception devant l’absence quasi totale de percussions ou de guitares électriques. Surtout que les deux albums précédents étaient de bonnes illustrations de ce que peut être le rock progressif à la sauce islandaise. Déjà que le groupe figurait parmi les favoris des cinéastes, il semble ici vouloir donner encore un peu plus de morceaux de choix aux futures bandes originales, oubliant peut-être quelque part ses fans les plus authentiques. Voire sa raison première d'exister. Car l’univers de Sigur Rós évoque de telles images sonores que l’on pourrait être déçu, comme entre un bouquin et son adaptation en film. Le groupe ne l’a certainement pas fait exprès, car sa musique est aérienne depuis qu'on l'a découvert en 1999 sur Ágætis byrjun, mais elle devient de plus en plus banale à cause de ce processus.

Pour conclure, ou tenter de le faire, Valtari est un bon petit album qui ne tire malheureusement pas son épingle du jeu dans la discographie désormais bien fournie du groupe. Et si l'on devait conseiller des albums de la joyeuse troupe à un néophyte, celui-ci ne figurerait clairement pas dans le top 5. C'est dire s'il dénote. Peut-être est-il trop cérébral, trop difficile d’accès? Une chose est sûre: il ne plaît pas beaucoup au fan de base.

Le goût des autres :
6 Denis