The Hardest Way to Make an Easy Living

The Streets

Warner – 2006
par Jeff, le 22 avril 2006
7

Ayant passé neuf mois de ma vie dans une banlieue du sud-est londonien à côtoyer (du plus loin possible j'en conviens) une armée de "geezers" sapés Burberry ou Armani de la tête au pied et au regard peu avenant, c'est toujours avec beaucoup de nostalgie que je retrouve un autre "geezer" en puissance, j'ai nommé Mike Skinner. En effet, c'est toujours un bonheur que de l'entendre débiter avec cette verve et ce sens de l'humour incomparables sa dernière fournée de frasques urbaines modernes, reflet d'une vie de misère dans ces ghettos paupérisés que sont les banlieues britanniques. Ou plutôt 'c'était'. Car en deux albums encensés par la critique, Mike Skinner a quitté sa lugubre banlieue de Birmingham pour les paillettes et les excès de la capitale londonienne, fondé son propre label (The Beats) et a vu sa bouille de petite frappe figurer régulièrement en bonne position dans les tabloïds de la pire espèce.

Il ne faisait aucun doute qu'une telle "promotion sociale" (couplée à la mort du père de Mike Skinner au lendemain de la sortie de A Grand Don't Come For Free) allait avoir une influence perceptible sur la musique de The Streets. C'en est donc terminé -et on ne va pas s'en plaindre- de la sobriété et du désabusement du second effort: Mike Skinner a découvert la célébrité mais le voyage ne fut pas de tout repos. Aujourd'hui, notre homme a quelques démons à exorciser et des révélations à faire. Et plutôt que de broyer du noir, il préfère s'adonner à cet exercice périlleux dans la bonne humeur et la convivialité comme en témoigne "When You Wasn't Famous", premier single évident, ou le touchant "Never Went To Church". Certes, il apparaît rapidement que ces nouvelles productions aux sonorités un tantinet boursouflées peinent à arriver à la cheville de n'importe quel titre du petit chef-d'œuvre qu'est Original Pirate Material, mais heureusement, le phrasé reste toujours aussi précis et l'ironie toujours aussi mordante. En outre, de par sa durée relativement courte, The Hardest Way To Male An Easy Living n'a que très peu de temps pour révéler ses faiblesses au grand jour.

A l'arrivée, s'il est une chose qu'on ne pourra pas reprocher à Mike Skinner, c'est d'imprégner ses albums d'une ambiance qui permet à l'auditeur d'avoir une image claire des conditions dans lesquelles il a été conçu. Légères mais efficaces, les onze plages de ce troisième album collent parfaitement à ce milieu superficiel et insouciant dont Skinner prend un malin plaisir à se moquer quarante minutes durant.

Le goût des autres :
3 Popop 8 Laurent