The Great Migration

Bronze Nazareth

Babygrande – 2006
par Jeff, le 17 septembre 2006
8

Même si l'on parle avec beaucoup d'insistance d'une reformation du Wu-Tang Clan, cela fait déjà quelques années que ses neuf (puis huit suite au décès de O.D.B.) membres n'ont plus donné signe de vie sous la forme éclatante d'un collectif. Et pour être honnête, on attend que peu de choses d'un tel "évènement" tant l'âge d'or du groupe semble désormais appartenir au passé. Heureusement, entre 1993 (année de sortie du manifeste fondateur Enter the Wu-Tang (36 Chambers)) et 1997 (année de sortie du double Wu-Tang Forever), la meute de chiens fous a suffisamment marqué les esprits pour engendrer une école de fidèles disciples qui, depuis la mise en hibernation du Wu, sortent des albums à la qualité variable. Après Mathematics tout récemment, c'est aujourd'hui à Bronze Nazareth de nous montrer combien il a été un élève assidu aux cours dispensés par son mentor, le RZA.

Le jeune protégé du RZA n'a peut-être pas grandi à Brooklyn ou dans le Bronx (il est originaire du Michigan), mais cela ne l'a pas empêché d'assimiler avec une rapidité impressionnante la philosophie stricte qui imprègne tous les albums ou projets parallèles du Wu-Tang. En outre, Il a pu fourbir ses armes en produisant et collaborant aux projets solos de son maître à penser. Aussi, The Great Migration dégage de fort relents d'hommage au Wu-Tang Clan. A l'écoute des 19 titres de cet opus, on se croirait catapultés au milieu des années nonante, une époque où le groupe régnait en maître sur la côte est et montrait la marche à suivre à une bonne partie de la planète hip hop. Imagerie shaolin, sample de violon dans la plus pure tradition du Clan sur "The Bronzeman" ou référence aux désormais classiques "Killa Beez" et "Chambers" (on visite la 5ème sur cet album), Bronze Nazareth met tout en œuvre pour déclencher en nous une crise de nostalgie et réussirait presque à nous arracher une petite larme.

Evidemment, il vous suffira de ressortir vos vieux albums du Wu-Tang pour rapidement comprendre que le talentueux élève, trop inconstant, ne dépasse pas encore le maître. Mais au vu des dispositions affichées sur The Great Migration et grâce à une gestion intelligente du patrimoine laissé par le clan new-yorkais, tous les espoirs sont permis pour Bronze Nazareth.

Le goût des autres :