Strike A Balance

Yules

Sony Music – 2010
par Jeff, le 13 janvier 2011
4

Si vous êtres Français et que vous envisagez de monter un groupe de rock avec quelques potes en espérant pouvoir vivre décemment de cette activité, un bon conseil: arrêtez tout de suite de rêver. Toutefois, si vous appartenez à une race persévérante, un autre conseil: choisissez bien votre genre de prédilection. En effet, si votre groupe donne dans le kraut vicelard ou le garage punk crasseux, préparez-vous à une vie de précarité et de promiscuité extrêmes. Par contre, si votre truc, c'est un mélange plutôt inoffensif de pop et de folk, les choses s'annoncent peut-être un peu mieux. C'est en tout cas l'impression que donnent une bonne partie des labels français, mainstream comme indés, qui signent à tour de bras des groupes comme The Dø ou Cocoon. Il faut dire que le potentiel abrasif ou subversif de ce genre de formations frôlant le zéro, les chances de toucher un large public se voient grandies. Et ce que l'on ne peut démentir non plus, c'est que quand le talent d'écriture y est, le succès est d'autant plus justifié.

Nouveau venu dans cette catégorie où cela se bouscule déjà pas mal au portillon, les cinq gars de Yules débarquent fièrement avec Strike A Balance, un album dont la qualité première est l'évidente légèreté. Evidemment, cette dernière peut également se révéler être une arme à double tranchant, et le gros problème de ce disque est également la vitesse à laquelle on l'oublie. Agréable, Strike A Balance l'est certainement. Le disque contient par ailleurs une poignée de singles potentiels taillés sur mesure pour les stations de radio à la programmation ultra-consensuelle (« For Salvation » ou « Everything She Does Is Blessing »). Ceci étant, derrière cette jovialité de façade et cette bonne humeur suintant par tous les pores semble se cacher une certaine vacuité et un recours systématique à des émotions un brin trop faciles pour paraître toujours sincères - le groupe semblant alors crouler sous le poids de ses influences. Et c'est peut-être là tout le problème d'un disque qui n'aura jamais aussi bien porté son nom: entre titres franchement réussis et passages obligés (et un peu trop fréquents) par la case « remplissage », l'auditeur peine franchement à y trouver son compte.

De juste équilibre, il n'en est alors plus question sur ce Strike A Balance trop inégal et convenu pour vraiment plaire sur la longueur. Et les mauvaises langues de renchérir: c'est alors que l'autocollant "Les Inrocks" apposé sur la pochette prend tout son sens...