Sings Greatest Palace Music

Bonnie 'Prince' Billy

Drag City – 2004
par Popop, le 24 février 2004
8

D’ordinaire, un greatest hits est un disque qui indiffère le fan, voire même l’énerve passablement lorsque sont ajoutés un ou deux inédits pour l’appâter de la manière la plus basse et mercantile possible. Ce disque ne devrait donc pas mériter que l’on s’y attarde. Mais voilà, Will Oldham n’est pas exactement un artiste ordinaire. Et cette compilation des meilleurs morceaux des années Palace n’est bien sûr pas comme les autres puisque le génial songwriter est rentré en studio l’an passé pour réenregistrer ces 15 morceaux plébiscités par les fans (sur le site de Drag City) et leur donner une seconde vie. Ou comment transformer un greatest hits en nouvel album.

On peut trouver à redire sur le principe même : après tout, Palace et ses multiples déclinaisons (Palace Music, Palace Brothers, Palace Songs) ont marqué les années 90 et réactualiser ces chansons déjà intemporelles ne semblait pas franchement nécessaire. Pourtant, à l’écoute de ce disque, on comprend mieux la démarche de Will Oldham. Autrefois à l’étroit dans leur carcan minimaliste, ses compositions prennent une ampleur nouvelle et bienvenue sous l’influence des musiciens de Bonnie 'Prince' Billy. Les cinq extraits de Viva Last Blues notamment sortent transcendés par ces réinterprétations, "New Partner" et "The Brute Choir" se métamorphosant presque en pop-songs entraînantes. Autre album largement valorisé par les votes des fans, Days In The Wake ne s’en sort pas toujours aussi bien, perdant parfois au passage la sobriété et l’intensité qui faisaient sa force en premier lieu. Mais pas de quoi paniquer, "You Will Miss Me When I Burn" reste ce chef-d'oeuvre de noirceur et d'aigreur que l'on ne souhaite en aucun cas apaiser.

S’il y a bien un point commun entre ce disque et une compilation classique, ce sont les interrogations suscitées par le choix des morceaux. Certes, ce sont là les titres sélectionnés par les fans, mais la sous-représentation de l’essentiel premier disque de Palace, There Is No-One What Will Take Care Of You, et l’impasse complète faite sur le ténébreux Arise Therefore sont une réelle déception. Heureusement, l’inclusion du délicieux "Agnes Queen Of Sorrow" (extrait du mini-album Hope) et de "Horses" (tiré du EP An Arrow Through The Bitch) viennent rééquilibrer l’ensemble. Ces considérations de perfectionniste mises à part, ce disque reste une merveille de folk lumineux, où chaque titre mériterait une dissertation de trois pages en son honneur. Les néophytes comme les connaisseurs sont largement invités à ce voyage inédit dans le passé de Will Oldham.