Shut Up and Play the Hits

LCD Soundsystem

Pulse – 2012
par Jeff, le 3 décembre 2012
9

Soyons clairs : vu l’époque dans laquelle nous vivons, il y a de fortes chances pour que James Murphy se décide à rebrancher LCD Soundsystem dans les dix années qui suivent. Et franchement, qui pourra vraiment s’en plaindre ? Et ce jour-là, des Madison Square Garden, il pourra en remplir un paquet sans trop se bouger le derche. Mais ce n’est pas pour tout de suite. Pour le moment, c’est de Shut Up and Play the Hits qu’il faut parler, cet enterrement cinq étoiles concocté par le groupe américain histoire de mettre fin à l’une des aventures les plus passionnantes des noughties. Passé par la case cinéma cet été, le documentaire réalisé par Dylan Southern et Will Lovelace (et en partie filmé par Spike Jonze) n’est pas encore disponible en France ou Belgique, mais s’achète sur n’importe quel site anglais digne de ce nom.

108 minutes pour essayer de comprendre un phénomène, c’est peu. Et il faudra sans doute un bouquin bien documenté auquel auront contribué tous les protagonistes de cette folle épopée pour comprendre ce qu’est LCD Soundsystem et ce que cette noble entreprise a voulu achever. Car si le visionnage de ce documentaire est aussi jouissif qu’émouvant, le fan ne peut que rester sur sa faim face à des informations dévoilées au compte-goutte par un James Murphy que l’on sent clairement chamboulé, troublé et un peu perdu. Car dans Shut Up and Play the Hits, il est la seule lorgnette par laquelle se raconte le groupe, par l'entremise d'une interview menée de main de maître par le journaliste Chuck Klosterman, qui n’est vraiment pas un branquignole puisqu’il pige ou a pigé pour Esquire, GQ, Spin, le New York Times ou le Washington Post.

Fil rouge de Shut Up and Play the Hits, cet entretien fait le lien entre les nombreux extraits du concert du 2 avril 2011, et introduit des scènes de vie d'une rare banalité (James promène son chien, James chez son manager, James dans les bureaux de DFA, etc.) mais qui nous font toutefois un peu mieux comprendre le pourquoi de la fin de LCD Soundsystem. Alors forcément, inutile de bourrer cet article de spoilers en tous genres. Sachez cependant que Shut Up and Play the Hits est assez généreux en moments qui vous foutent soit une banane pas possible (voir les acteurs Aziz Ansari et Donald Glover aka Childish Gambino craquer leur slip sur "Yeah"), soit la chair de poule (les gueules régulièrement captées dans le public par la caméra), soit la larme à l'œil (James Murphy qui craque complètement devant son matos stocké dans une pièce). Et sachez aussi que le tout est joliment filmé, au plus près des dernières heures du groupe sans jamais verser dans le voyeurisme bidon.

Et puis quand vous avez finit de vous enfiler la centaine de minutes de documentaire, il y a la cerise sur le gâteau: les trois heures du concert au MSG dans leur intégralité et sur deux DVD. 29 titres, joués avec l'habituelle force de frappe d'un groupe qui a fait de la scène son plus bel outil de propagande. Ce concert est d'autant plus remarquable à vivre que LCD Soundsystem a pris le parti de ne pas se trahir en optant pour une configuration en adéquation avec le prestige et la taille de la salle de Manhattan.

Ainsi, malgré les 20.000 personnes présentes dans la mythique enceinte new-yorkaise, LCD Soundsystem opte pour une organisation compacte qui permet à tous les intervenants d'en profiter. Et rien qu'à regarder leurs tronches orgasmées d'un bout à l'autre du concert, on imagine combien la soirée fut grandiose. Et combien, comme pas mal de gens présents ce soir-là, on aurait tué père et mère pour en être… Maigre mais bandante consolation que Shut Up and Play the Hits donc.