Settle

Disclosure

PMR – 2013
par Jeff, le 13 juin 2013
6

17 août 2012. Troisième jour d'un Pukkelpop caniculaire. A peine arrivé sur le site, et déjà les bonbons qui collent au sachet. Un site cramé par le cagnard où les rares zones d'ombres sont des tentes souvent étouffantes. Heureusement qu'à cette heure de midi, pas mal de monde est encore en train d'errer dans le camping. C'est à cette heure-là, 12h30 donc, que les deux gamins de Disclosure ont la lourde mission d'ouvrir les hostilités devant un public forcément endormi. Et là, il ne faut pas longtemps pour comprendre que les frères Guy et Howard Lawrence ont un petit truc que les autres n'ont pas encore, que leur live (embryonnaire à l'époque) a tout pour plaire et que ces deux-là sont promis à un bel avenir. Moins d'un an plus tard, le premier album de Disclosure s'offre une sortie mondiale et se retrouve directement en première position des charts anglais, devançant sans trop se forcer les nouvelles galettes des Queens of the Stone Age et de Daft Punk. Pendant ce temps-là, en France, si le duo casqué se paie la première place, il devance Maître Grims et les Stentors. Paie ta culture de merde.

Disclosure, avant d'être la révélation d'un talent d'écriture déjà testé sur quelques singles über-efficaces (et pour certains playlistés jusqu'à l'écœurement), c'est surtout la réussite d'un label au nez particulièrement creux ainsi que la validation d'une formule imparable. Car chez PMR Records, label fondé en 2011 par les frères Ben et Daniel Parmar, on a flairé tout le potentiel d'une bass music qui, comme le dubstep avant elle, allait bien finir par aller voir du côté des charts ou de la pop s'il n'y avait pas un peu d'argent à se faire. PMR Records, c'est donc des types respectés comme Julio Bashmore ou L-Vis 1990 (quand il prend une pause de Night Slugs), mais aussi (et surtout) Jessie Ware. Après, les bonnes relations entre les différents membres de la structure font le reste. Tout le monde collabore avec tout le monde dans un joli revival house/garage. Evidemment, on doit reconnaître à la fratrie Lawrence cette volonté d'avoir poussé le projet encore plus loin, en mettant réellement en avant des influences 2 step/uk garage faisant référence à une époque qu'ils n'ont pas pu vivre, mais également en poussant le volet collaboratif à son paroxysme avec une ribambelle d'invités. Partant de là, elle ajoute un certain savoir-faire pop qui, sans rentrer dans les détails, permet d'enchaîner les tubes.

Mais face à une véritable machine de guerre qui a transformé les frères Lawrence en des stars mondiales en quelques mois à peine, on est obligés d'ériger la perfection du projet en inconvénient majeur à sa consécration. Car si chacun des 17 morceaux de Settle est un single potentiel ou avéré, il manque à l'ensemble cette dose légère d'humanité nécessaire à l'épanouissement d'un projet. En fait, à 20 ans à peine, les deux kids anglais passent déjà pour des  artificiers spécialisés dans les armes de destruction massive. Celles qui ne font plus dans le détail, et écrasent tous sur leur passage sans la moindre forme de discernement. C'est dommage car on a l'impression que les deux de Disclosure semblent tellement heureux d'avoir trouvé la formule magique qu'ils en usent, voire en abusent, comme en témoigne un album qui enquille quand même 17 pistes. Alors Disclosure, trop haut, trop vite et trop beau pour être vrai? Ici, on a tendance à le penser.

Le goût des autres :
6 Aurélien 6 Maxime