Psychic Chasms

Neon Indian

Lefse – 2009
par Gwen, le 14 décembre 2009
3

Pourquoi certains persistent-ils à vouloir nous persuader que les années 80 furent une période musicale faste et qu’il est une absolue nécessité de s’y repaître constamment? Comprenons-nous bien. Abstraction faite d’un goût vestimentaire approximatif et de nombreux délits capillaires, cette décennie n’a pas accouché que d’artistes médiocres. Loin de là. Ce qui irrite derrière l’oreille, c’est cette tendance omniprésente qui incite une tripotée de groupes actuels à s’embourber dans les sonorités eighties les plus superficielles. Sans oublier, bien sûr, de rendre le pillage le plus reconnaissable possible afin de jouer sur la corde de la nostalgie. A nouveau, il faut préciser. On n’accuse pas ici l’emprunt en tant que tel. Les petits gars de MGMT ont beau être des têtes à claques, ils ont eu la finesse de tisser références flagrantes et surprises mélodiques pour donner à leur Oracular Spectacular une belle allure de panier garni. 

Venons-en au cas qui nous occupe. Neon Indian s’articule principalement autour du compositeur texan Alan Palomo, qui s’entoure à l’occasion de ses performances scéniques, de Ronald Gierhart, Jason Faries et Leanne Macomber. Sur papier, les intentions rétros de ce jeune musicien d’origine mexicaine libéraient des désirs d’exotisme et d’amourettes au soleil. Dans cette perspective, “Deadbeat Summer”, le morceau qui ouvre l’album, attire sans aucun doute la sympathie. Il répand une agréable saveur de mojito et fera probablement les beaux jours des lounge bars branchés. Là où la bande magnétique patine malencontreusement dans la radio-cassette, c’est que les onze titres qui le talonnent déclinent le même motif jusqu’à l’écoeurement. 

Si il fallait visualiser la chose, imaginez-vous la scène suivante. Dans un épisode datant de 1983, l’inspecteur Derrick interpellait stoïquement un suspect à mullet sous les stroboscopes d’un strip-club de Düsseldorf. La musique d’ambiance qui accompagne la scène, ça devait déjà être Neon Indian. Des ballades synthétiques paresseuses, de la caisse claire molle, des claviers de jeux vidéo Atari sans l’excitation d’être sur le point de battre son propre record.  Dans un style similaire, “Digital Love” ou “Something About Us” de Daft Punk parvenaient à enrober leur apparente nonchalance d’une chaleur funky et d’un sens de l’humour perceptible. Psychic Chasms se veut léger mais se dilue tellement dans les abysses de sa piscine tropézienne que l’auditeur basculera inévitablement dans la somnolence.

Bref, si il vous prend l’envie de vous enivrer d’une goutte d’italo-disco, autant exhumer un authentique Giorgio Moroder. Celui qui vous fera frémir du bassin avec cette délicieuse sensation de plaisir coupable...