Next Year in Zion

Herman Dune

EMI – 2008
par Jeff, le 7 octobre 2008
4

Herman Düne, c'était une magnifique histoire de famille entamée il y a de cela une dizaine d'années par les frangins franco-suédois David-Ivar et André – un duo auquel est venu se greffer le batteur Neman. Mais depuis 2006 et Giant – l'album de la consécration commerciale pour le groupe, Herman Dune a perdu André, peu enthousiasmé par la tournure prise par les évènements, et un tréma sur le 'u'. Évidemment, avec le départ de l'ultra-talentueux André, digne représentant du coté obscur et férocement indé d'Herman Dune, les fans de la première heure avaient joué les oiseaux de mauvaise augure et prédit au binôme restant une carrière en forme de courbe descendante, qualitativement parlant du moins. Et malgré un précédent opus plus lumineux et pop qu'à l'accoutumée, on se refusait à croire à une telle hypothèse. Et pourtant.

Les compositions signées David-Ivar, désormais seul maître à bord sur Next Year In Zion, nous laissent penser que l'affable barbu traverse une phase créative pas vraiment fulgurante et que les talents de son frère font cruellement défaut. D'ailleurs, à s'apostropher à de très nombreuses reprises sur le disque (on ne compte plus les 'Hey David' que lance ce dernier comme autant de bouteilles à la mer), on réalise rapidement que le vide laissé par André est bien plus difficile à combler que ce que les membres restants du groupe voudraient nous faire croire.

Que reste-t-il alors? Rien ou presque. Next Year In Zion enchaîne les titres d'une triste banalité, à mille lieues de l'antifolk attachant incarné par des albums comme Switzerland Heritage ou Mas Cambios et sur lesquels planaient le spectre de Jonathan Richman et Leonard Cohen ou l'ombre des cousines Julie Doiron et Kimya Dawson. Pire encore, désormais élevé au rang de troisième membre officieux du groupe, le percussionniste Lori Schönberg (Berg Sans Nipple) se voit accorder un temps de jeu bien trop important et vient polluer bon nombre des morceaux de Next Year In Zion avec des rythmiques qui flairent un peu trop la noix de coco – alors que sa présence, plus discrète sur Giant, ne gênait pas le moins du monde et conférait même une certaine valeur ajoutée aux compositions d'Herman Dune.

Évidemment, si le groupe débarquait, tout chroniqueur serait tenté de lui reconnaître de bonnes prédispositions et d'en faire un cheval sur qui parier à l'avenir. Mais quand on connait le parcours d'Herman Dune, comment ne pas considérer ce Next Year In Zion comme une monumentale erreur de parcours qui plaide en faveur d'une grosse remise en question et surtout, du retour immédiat d'André pour qu'opère à nouveau cette magie qui avait fait d'Herman Dune un groupe attachant et incontournable.

Le goût des autres :
5 Nicolas