McLuskyism

McLusky

Too Pure – 2006
par Jeff, le 29 mars 2006
8

Alors qu'il était peut-être l'un des groupes les plus bruyants et agressifs de son vivant, McLusky nous a quitté de manière anormalement calme. Un communiqué laconique sur son site web et c'en était fait de l'un des plus grands groupes que le Royaume-Uni ait jamais compté (la concurrence n'étant pas extrêmement rude dans leur Pays de Galles natal, j'ai jugé opportun de passer à l'échelon supérieur). A l'époque dudit communiqué -en janvier 2005- le groupe avait déjà mentionné la mise sur pied de ce McLuskyism, triple compilation reprenant les 'A Sides', 'B Sides' et 'C Sides' du groupe. Il aura fallu attendre plus d'un an pour que ce bien bel objet soit disponible alors que, mis à part John Chapple, les deux membres restants se font plutôt discrets.

Du premier disque, pas grand-chose à dire finalement, si ce n'est qu'il est à l'image de My Pain and Sadness Is More Sad and Painful Than Yours, Mclusky Do Dallas et The Difference Between Me and You Is That I'm Not On Fire, les trois albums du groupes, c'est-à-dire rigoureusement indispensable. Sans temps mort et d'une prenante densité, les douze singles du groupe s'enchaînent dans un déluge de riffs assassins et de refrains débonnaires hurlés par un Andy Falkous imprévisible et incontrôlable. Ajoutez à cela une production brute de décoffrage des soins de Steve Albini sur une majorité de titres et vous obtenez des monuments oubliés du rock garage aussi braillaird que mélodique comme "Lighstabre Cocksocking Blues", "She Will Only Bring You Happiness" ou "Without Msg I Am Nothing". Si ce premier disque comblera de bonheur les néophytes, il y a fort à parier que celui-ci sera d'un intérêt tout relatif pour les fans de longue date. C'est pour cette raison que McLusky a décidé de rassembler sur deux disques supplémentaires une bonne partie des faces B, raretés et autres chutes de studios dont il s'est rendu coupable en presque 5 années d'existence.

Mais alors que les "A Sides" frôlent perpétuellement la perfection, les "B Sides" et "C Sides" soufflent le chaud et le froid, chose relativement normale. Car si ces morceaux se retrouvent là, c'est forcément que le groupe les a à l'époque jugé un tantinet moins percutants. Mais comme c'est souvent le cas, de petites déceptions côtoient de grands moments de bravoure noisy et de jolies surprises (une douceur un peu inattendue sur certains titres) comme seuls ces Gallois pouvaient nous en produire. De production justement, ou plutôt d'absence de production, il en est justement question sur ces deux disques qui vont vous permettre de comprendre l'importance du travail d'un Steve Albini dont beaucoup ont souvent des difficultés à cerner l'apport tant les artistes avec qui il accepte de collaborer (Scout Niblett, Electrelane,…) sonnent à l'arrivée "crus" et directs. Cerise sur le gâteau, le troisième disque se clôture sur l'un des derniers concerts donné par le groupe dans le petit ULU Londonien.

Avec 56 morceaux au compteur, McLuskyism s'annonce déjà comme l'une des compilations/rétrospectives les plus intéressantes de 2006. Mais comme ce fut le cas à chaque sortie du groupe, celle-ci risque fort de passer une fois de plus complètement inaperçue et de faire de McLusky le genre de groupe underground culte que le bobo passéiste que je serai d'ici une vingtaine d'années continuera de plébisciter.

Le goût des autres :
8 Nicolas