Lousy with Sylvianbriar

Of Montreal

Polyvinyl  – 2013
par Jeff, le 11 octobre 2013
8

L’abus d’Of Montreal est dangereux pour la santé. A doses homéopathiques, la pop über-psyché du groupe américain est jouissive, voire libératrice. Mais voilà, la joyeuse troupe de Géorgie se plaisant à jouer la carte de l’excentricité à tout va, les risques de remontées acides sont plutôt élevés. Et le premier à avoir été victime de ces excès semble Kevin Barnes, chanteur et cerveau du groupe. Il n’y a qu’à voir les photos promotionnelles qui accompagnent la sortie de ce Lousy with Sylvianbriar pour s’en convaincre: on y voit un type à la mine un peu triste, vêtu de vêtements sombres et le regard lointain, là où on avait davantage l’habitude de croiser un jojo plein d’assurance s’amusant à jouer à La Grande Zaza avec ses petites copains sur scène. Heureusement que la pochette aux couleurs criardes est là pour nous rappeler à qui l’on a affaire. Et c’est justement entre cette débauche d’effets de manche psychédéliques et la tristesse du cliché promotionnel que se trouve la clé de ce nouvel album d’Of Montreal. En effet, en décidant de s’exiler à San Francisco histoire de s’imprégner de l’atmosphère si particulière et détendue qui y règne avant de revenir dans son Athens natal pour l’enregistrement en compagnie d’un nouveau groupe, Kevin Barnes a trouvé une forme d’équilibre jamais atteinte auparavant, s’évitant ce faisant un incessant voyage sur la corde raide, comme ce fut trop souvent le cas par le passé. Un équilibre qui permet ainsi de magnifier une écriture pop au service de compositions simples mais dynamiques ; une écriture qui n’a jamais semblé si limpide d'ailleurs. Si l’on reconnaît bien l’un ou l’autre gimmick propre à Of Montreal (ces cœurs perchés notamment), on découvre surtout sur Lousy with Sylvianbriar un songwriter nouveau, qui semble libéré des contraintes associées à un projet dont il était devenu prisonnier. En voulant revenir aux fondamentaux de la pop-folk, Kevin Barnes et son groupe accouchent d’un disque à la fois simple et complexe, référencé certes, mais tellement bien ciselé qu’il en devient vite irrésistible.