Keep Your Dreams

Canyons

Modular – 2011
par Jeff, le 21 décembre 2011
5

Avec un label comme Modular, on a toujours quelques certitudes avant même d'avoir inséré le disque dans le lecteur. Tout d'abord, la garantie d'un certain niveau de qualité venant d'une maison qui nous a fait découvrir ces dernières années des gens comme Cut Copy, The Swiss, Wolfmother, CEO ou The Avalanches. Pas des manches, quoi. Ensuite, la conviction que le produit qui nous sera présenté s'inscrira dans l'air du temps, quitte à périmer un peu trop vite à l'image des feux follets de The Presets. Enfin, l'auditeur partira du principe qu'il ne doit pas s'attendre à entendre un disque clairement balisé s'inscrivant dans un son propre à Modular, ce qui semble assez logique au regard de la variété qui caractérise le catalogue du label australien.

Partant de ce constat, ce premier album de Canyons n'offre pas la moindre surprise. Formé de Ryan Grieve and Leo Thomson, l'entité Canyons a déjà quelques jolis faits d'armes à son actif, à l'image de titres pour des labels aussi recommandables que I'm a Cliché ou DFA. Et via leur label Hole In The Sky, les deux asticots avaient même sorti en 2009 le premier EP d'un petit groupe de Perth qui n'allait pas tarder à percer, Tame Impala. L'un dans l'autre, cela fait de Keep Your Dreams un disque qui suscite pas mal d'a prioris positifs. Malheureusement pas toujours confirmés sur ce premier album qui souffle le chaud et le froid.

On ne va pas vous mentir, les écoutes successives ne font que confirmer ce sentiment : ce disque est plutôt indigeste avec ses changements de style perpétuels, ses montées aciiiiiid pas toujours bien placées, son psychédélisme à outrance, son utilisation presque racoleuse du saxophone sur certains titres et ses longueurs un peu coupables dès que le duo se lance dans une déclaration d'amour à la house sexuelle. Ajoutez à cela une jolie capacité à ne pas prendre trop de risques au niveau de la production (c'est tellement plus simple de tout pomper à New Order, DFA ou Trax Records) et on se retouve vite avec un disque qui énerve, malgré un sens de la composition qui fait très régulièrement mouche.

Ainsi, si l'on a pas manqué de mentionner les plus belles réussites de Modular en ouverture de chronique, on n'a sciemment omis de citer ces seconds couteaux qui ont vite fait d'alimenter les bacs à soldes de vos disquaires préférés, comme Beni ou Van She. Et malheureusement pour Canyons, c'est bien là que Keep Your Dreams risque de finir sa course...