If I Had a Hi-Fi

Nada Surf

Mardev Records – 2010
par Jeff, le 14 juin 2010
7

Un petit "Popular" et puis s'en va. Voilà comment les esprits chagrins et les mauvaises langues résument depuis toujours la carrière de Nada Surf. Pourtant, depuis que ce titre est sorti en 1996, le groupe américain n'a jamais cessé de prêcher la bonne parole pop-rock, et avec classe et efficacité s'il-vous-plait. Depuis le très médiatisé High/Low, quatre autres albums sont ainsi venus garnir la discographie d'un groupe jamais pris en défaut, et qui a préféré s'en tenir à sa ligne de conduite plutôt de capitaliser sur une hype qui lui aurait probablement coûté sa carrière. D'ailleurs, le public ne s'y est jamais trompé, et malgré une exposition médiatique finalement limitée, le plus francophile des groupes US continue de remplir les salles et de séduire les organisateurs de festivals. Forcément, vu leur popularité, Matthew Caws, Daniel Lorca et Ira Elliott peuvent aujourd'hui se permettre quelques "caprices", comme celui qui consiste à sortir sur un petit label un album de reprises.

On le sait, cet exercice compte parmi les plus casse-gueules de la profession et a causé par le passé bien des critiques et des éclats de rire. Mais c'était sans compter sur le savoir-faire de Nada Surf qui, une fois de plus, parvient à séduire grâce à cette simplicité et cette énergie qui en ont fait un groupe si attachant. Et alors que les trois New Yorkais auraient pu enquiller les réinterprétations pantouflardes de standards vendeurs, ils ont opté pour des titres souvent peu connus du public. En fait, la seule fausse note commise sur If I Had a Hi-Fi intervient lorsque Nada Surf se casse la gueule en tentant d'offrir sa relecture, pourtant pas si inintéressante que cela, du "Enjoy The Silence" de Depeche Mode, le genre de titre dont la reprise devrait être proscrite tant ce monument se suffit à lui-même. En festival, c'est certain, le morcequ fera un tabac auprès d'un certain public pas toujours regardant sur la qualité. En ce qui nous concerne, on préférera à cette petite faute de goût tout à fait pardonnable le reste du disque, fait de reinterprétations de titres moins connus écrits par des artistes qui n'ont rien de manches (Spoon, The Moody Blues, Kate Bush, The Soft Pack, The Go-Betweens, etc).

Mais ce qui rend If I Had a Hi-Fi particulièrement intéressant, c'est le fait que ces titres bien souvent obscurs donnent finalement l'impression d'entendre une nouvelle galette de Nada Surf. En effet, plutôt que de coller au derche des orginaux, le groupe a préféré appliquer la recette de son succès à des titres couvrant une large palette de genres et d'époques. Au final, on se retrouve ainsi avec un disque extrêmement agréable qui aligne les morceaux joliment écrits et intelligemment restitués à la mode power-pop par un groupe qui s'inscrit au fil des ans comme un exemple parfait de force tranquille.