Hymn to the Immortal Wind

Mono

Conspiracy Records – 2009
par Jeff, le 27 mai 2009
7

Pour être honnête avec vous, le post-rock et moi, ça fait deux. Certes, je ne crache sur un petit Explosions in the Sky ou un Mogwaï de la grande époque à l'occasion, mais de là à dire que le genre n'a plus de secret pour moi, il y a là un pas que je n'oserais pas franchir, de peur de m'attirer les foudres des puristes comprenant un peu trop rapidement ma méconnaissance relative du sujet. Mais l'avantage avec un groupe comme Mono, c'est qu'il ne faut justement pas être un expert en la matière pour appréhender leur discographie, qui remplit à chaque livraison ou presque le cahier des charges imposé par les prescripteurs de la mouvance.

Cinquième album donc pour le très respecté quatuor japonais, trois ans après un You Are There qui a divisé la critique - une critique qui a parfois la dent dure contre un groupe dont la capacité de renouvellement n'est pas le point fort. Et s’il est vrai que le groupe fondé en 2000 par le guitariste Takaakira Goto ne s’est jamais vraiment préoccupé de savoir s’il serait bienvenu de sortir un tant soit peu des sentiers battus, c’est peut-être parce que le succès a toujours été au rendez-vous pour lui - une situation qui n’est pas vraiment près d’évoluer avec Hymn to the Immortal Wind.

En effet, pour cette nouvelle réalisation, ce n’est pas parce que le groupe a convié un véritable orchestre symphonique (pas moins de 32 âmes) qu’on va croire à un virage à 180° dans le chef de Tokyoïtes ayant eu recours pour la troisième fois aux services de l’éminent Steve Albini pour mettre le tout en boîte. Bande-son majestueuse d’une histoire fantasmagorique que Takaakira Goto nous conte dans le livret, Hymn to the Immortal Wind est un voyage long de 76 minutes, divisé en 7 chapitres, et qui sonne rapidement comme le petit manuel du parfait post-rockeur tant tous les poncifs du genre sont ici réunis pour notre plus grand plaisir. Mais aussi stéréotypé puisse-t-il être, avec ses constructions en montagnes russes et ses accords répétés jusqu’à l’explosion tant attendue, Hymn to the Immortal Wind n’en reste pas moins un disque particulièrement abordable (le travail de cordes devrait plaire aux fans de Sigur Rós) dont la construction aussi prévisible que réussie ne peut laisser de marbre. A cet égard, l’inaugural « Ashes in the Snow » et ses quasi douze minutes de voyage agité suffisent à planter le décor et placer le groupe sur orbite.

De deux choses l'une: les puristes tomberont sous le charme de cette démonstration de classicisme ou hurleront au scandale devant tant de frilosité de la part du groupe. Mais pendant que les experts se départageront à coup de théories fumistes, le petit peuple, lui, risque fort de s’extasier devant ce tour de force réussi.

Le goût des autres :
6 Julien