Hive Mind

Ital

Planet Mu – 2012
par Simon, le 27 mars 2012
7

On voit parfois arriver certains disques avec la certitude qu'ils vont faire du bruit, qu’on va les aimer pour des qualités qu’on ne connaît encore que trop peu. Ca commence souvent avec l’un ou l’autre trailer intriguant, une personnalité musicale forte et le sentiment immédiat d'une lueur d’or sous la boue. C’est un peu de cette manière qu’on a abordé le travail d’Ital. Entre le fait qu’on l’ait confondu au départ avec le label Ital Tek, les trop rares extraits de Hive Mind qu’on a glanés ci et là, la fougue de la jeunesse et le talent de Planet Mu pour lancer des jeunes producteurs sous les feux des projecteurs, on avait vraiment de bonnes raisons d’attendre ce disque au tournant.

Daniel Martin-McCormick’s peut aujourd’hui jeter son passé de punk-hardcore aux oubliettes, il tient avec son pseudo « hipster-house » la clé de sa réussite. Fier de se présenter comme un gars qui aime toucher aux pourtours expérimentaux de la musique en général, Ital ne nous fera jamais oublier qu’il est, et restera, un pur produit de son époque, populaire et un poil surestimé. Son époque, c’est aussi celle du cross-over permanent : Be cool, be different. Mais surtout n’oubliez jamais de marcher dans le même sens. On ne sait plus dès lors si on doit réellement s’étonner devant cette tentative house-not-house, devant cette absolue volonté de jouer de la house sans donner l’impression d’y toucher. Ca se lance dans des titres de dix minutes, ça fait péter les samples r’n’b tellement typés juke/footwork, ça gicle les breaks early house, presqu’hip-hop, et ça travaille le tout dans un grain ambient très dense et moite.

C’est deep, parfois incongru, ça lance des idées sur papier et ça ne construit pas si mal. Plutôt bien d’ailleurs. Si cette musique se jouera de préférence avec un bonnet en laine sur le caillou et des lunettes carrées sur le pif, on refuse de croire que Hive Mind ne ravira que les prêtres de l’instantané et les jolis cœurs du prémâché. Sa profondeur, sa spontanéité sous cloche et l’allure générale de sa démarche en font en bon disque. Hive Mind tape assez bas pour extorquer l’un ou l’autre sourire béat, et sa tortuosité narrative (parfois en trompe-l’œil, c’est vrai) est assez bien calculée pour livrer l’auditeur à quelque chose d’inattendu, voire, à certains moments, de sérieusement bluffant.

Un disque qui enchante autant qu’il déçoit. Une œuvre forcément habitée, personnelle, dont les défauts nous montrent qu’on a bel et bien affaire à de l’humain. C’est devenu assez rare pour être loué.