Exhibit A

The Features

Universal – 2004
par Jeff, le 9 décembre 2004
9

Docteur,
Le post-rock élitiste à la GY!BE, ses interminables morceaux aux structures plus complexes les unes que les autres m’ennuie au plus haut point. L’electronica sombre et minimaliste, dépouillée de toute chaleur et de toute humanité me donne des poussées d’urticaire. Je ne vous parle même pas des maux de tête violents et des réactions cutanées aiguës dont je suis victime lorsque j’ai le malheur d’allumer la télévision. Je ne sais plus que faire. Vous êtes mon dernier rempart. Que me conseillez-vous docteur ?

Cher patient,


Je connais très bien cette situation. Vous n’êtes pas la première personne qui se plaint de tels symptômes. Ne vous en faites pas, c’est tout à fait normal. Il arrive à n’importe quel être normalement constitué d’aspirer, à un moment donné de son existence, à une musique simple, directe et sans fioritures qui ne soit pas pour autant formatée pour la consommation de masse.

Pour répondre concrètement à votre interrogation, je me vois dans l’obligation de vous prescrire le remède le plus efficace actuellement disponible sur le marché : pour ce faire, rendez-vous chez votre disquaire et demandez un exemplaire de Exhibit A, le premier album des Features. En 32 minutes et pas une de plus, ce quatuor tout droit sorti du Tennessee délivre un power pop/rock énergique, instantané et tout bonnement irrésistible. Douze morceaux ne dépassant jamais les 3 minutes trente et dont les refrains ont la principale caractéristique de pouvoir être fredonnés en quelques écoutes à peine. Un riff de guitare frais et direct, une dose homéopathique de clavier qui est non sans rappeler Hot Hot Heat (un autre remède de choc et de qualité), une batterie qui balance et une voix pleine d’énergie qui ne tombe jamais dans la gueulante énervante. ‘Exhibit A’, ‘Me & the Skirts’, ‘Blow it Out’, ‘There’s a Million Ways to Sing the Blues’ et ‘Circus’ pourraient tous prétendre au statut de ‘single potentiel’ tant leur pouvoir de séduction est grand.

Evidemment, on parle ici d’une musique qui n’a d’autre prétention que de divertir et, corollaire logique, on ne peut pas dire que les textes sont d’une intense profondeur poétique. Mais est-ce vraiment ce que l’on attend de ce genre d’albums ? Matt Pelham le dit lui-meme sur ‘Blow it Out’ : ‘If you’re happy and you know it turn the volume and just blow it out’. Voilà résumée en une phrase toute la philosophie des Features : un remède immédiat contre la morosité ambiante, un coup de fouet salvateur, une musique qui déclenchera en vous l’envie de monter le volume de votre stéréo au maximum et – selon que vous soyez timide et seul ou extraverti et entouré de gens – de sautiller d’un coin à l’autre d’une pièce.

Je vous conseille pour commencer une dose quasi-quotidienne voire quotidienne. Si les symptômes persistent ou reviennent, n’hésitez pas à reprendre le traitement ou à l’intensifier. Exhibit A est complètement inoffensif et fortement recommandé par GMD.


Bien à vous.

Le goût des autres :
8 Popop