Every Kind of Light

The Posies

Rykodisc – 2005
par Jeff, le 16 septembre 2005
7

Il y a toujours eu chez les Posies une soi-disant volonté d’entériner leur séparation une bonne fois pour toutes. Pourtant, malgré toutes les meilleures intentions du monde et des déclarations allant dans ce sens, tant le public que le groupe n’y a jamais véritablement cru. Pourtant, en annonçant la fin de l’aventure à la sortie de Success en 1998, on s’était dit que le groupe avait peut-être fait le tour de la question au cours d’une longue carrière entamée neuf ans plus tôt avec Failure.

Mais c’était sans compter sur l’hyperactivité de ses deux têtes pensantes, Jon Auer et Ken Stringfellow. Car entre l’annonce du split (après s’être fait larguer par Geffen) et le comeback tant inattendu (sur le plus modeste label Rykodisc), on ne peut pas dire que nos deux compères se soient reposés sur les lauriers acquis - pour beaucoup de gens - grâce au seul « Dream All Day », titre imparable sorti en pleine folie grunge et qui a probablement desservi le groupe en le cataloguant dans une mouvance à laquelle il n’appartenait pas véritablement mais qu’un look débraillé et des couleurs de cheveux assez improbables ont vite fait de rattraper. Ainsi, entre les tournées acoustiques en duo et électriques en quatuor, la parution d’albums live et la prestation de services auprès de R.E.M. ou des ressuscités Big Star, nos deux compères n’ont pas vraiment eu le temps de réaliser qu’officiellement, les Posies n’étaient plus.

Aussi, le groupe reprend les choses là où ils les avaient laissées ; et à l’écoute de ce nouvel album, on comprend tout de suite que Stringfellow et Auer n’avaient finalement qu’une seule idée en tête : annoncer leur retour – officiel - aux affaires. On comprend également qu’en ne coupant pas les ponts, le duo a conservé intacte cette alchimie qui le rendait si séduisant sur Frosting On The Beater ou Amazing Disgrace. Et même si le premier titre de l’album (l’évocateur et vocalement parfait « It’s Great To Be Here Again ») désarçonne quelque peu le fan lambda par ses ambiances aériennes, le groupe revient rapidement à ce qu’il fait de mieux et on retrouve sur « Conversations » ou « Anything & Everything » cette power-pop douce-amère et binaire tout bonnement irrésistible et si chère à Teenage Fanclub. Sans évidemment oublier ces morceaux plus rageurs et abrasifs, à l’image de « Second Time Around ».

D’une manière générale, on sent cependant le groupe plus posé que lors du siècle dernier et désireux d’offrir une place plus importante à de délicats arrangements. On le sent également très sûr de lui (peut-être un peu trop sur « I Finally Found A Jungle I Like !!! »), n’hésitant pas à orner sa musique de quelques artifices supplémentaires comme sur le reposant « Last Crawl » ou sur un « Could He Treat You Better » flairant bon le r&b.

Vous l’aurez compris, cet album aurait pu sortir cinq ans plus tôt que le public n’y aurait vu que du feu. Mais voilà, nous sommes en 2005 et pourtant, la musique des Posies n’a jamais sonné autant dans l’air du temps. Un bel exemple de longévité et de constance en ces temps où la « fast music » règne en maître.